Dopés par les tensions géopolitiques : Les prix du pétrole poursuivent leur hausse

Les prix du pétrole ont poursuivi leur hausse la semaine dernière, pour la cinquième semaine consécutive, toujours soutenus par une demande solide et une offre de pétrole brut restreinte, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes en Ukraine et au Moyen-Orient.

C’est ce que relève l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen), dans son dernier tableau de bord sur les marchés pétroliers publié, avant-hier. Mercredi, a constaté l’institut français de pétrole, le Brent a atteint son plus haut niveau depuis sept ans, à plus de 89 dollars le baril, après la fermeture temporaire, suite à un incident, d’un oléoduc clé reliant l’Irak à la Turquie (450 000 barils par jour). En moyenne hebdomadaire, le Brent sur le marché à terme de Londres a progressé la semaine dernière de +4,5% à 87,7 dollars le baril et le WTI à New York de +5,5% à 86,1 dollars le baril. Avec la hausse des prix, les gestionnaires de fonds continuent d’augmenter leurs positions spéculatives nettes longues sur le Brent et le WTI. Plusieurs grandes banques, dont Morgan Stanley et Goldman Sachs, s’attendent désormais à ce que le brut dépasse 100 dollars le baril ou plus (120 dollars le baril pour Bank of America d’ici l’été). Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg au 21 janvier 2022 prévoit un prix moyen de 74 dollars le baril pour cette année. Le prix à terme pour 2022, basé sur des contrats à terme, est de 84,1 dollars le baril. Les rapports mensuels de l’AIE et de l’OPEP publiés cette semaine, rappelle l’Ifpen, ont confirmé que malgré l’explosion des cas de Covid dans le monde, la demande de pétrole restait forte. « Plusieurs raisons expliquent cette résilience de la demande : des mesures prises par les gouvernements pour contenir la pandémie moins sévère que lors des vagues précédentes, une croissance économique dynamique et la substitution du gaz naturel au fioul et au diesel pour la production d’électricité en Europe et dans certains pays d’Asie, malgré le contexte de crise actuelle du gaz naturel » indique l’institut de recherche français. En 2022, la demande mondiale de pétrole devrait diminuer de 1,1 million de barils par jours (mb/j) au premier trimestre (par rapport au 4e trimestres 2021), suivant la saisonnalité habituelle et avec l’afflux de nouveaux cas de Covid en janvier. Elle devrait ensuite repartir à la hausse et approcher les 100 mb/j au deuxième trimestre. Globalement sur l’année, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de +3,3 mb/j pour atteindre 99,7 mb/j, proche des niveaux d’avant-crise en 2019.  Du côté de l’offre, l’AIE indique qu’en décembre, la production mondiale de pétrole n’a augmenté que de 130 000 barils par jour pour atteindre 98,6 mb/j, compte tenu des problèmes techniques en Libye, en Équateur et au Nigeria et d’une augmentation plus faible que prévu de la production des pays de l’OPEP+, qui a augmenté de 190 000 barils par jour, bien en deçà des 400 000 barils par jour annoncés. Selon l’agence, la conformité de l’OPEP+ en décembre a atteint un niveau record de 121%. « Les difficultés de l’OPEP+ à rétablir sa production reflètent en partie une baisse importante de sa capacité de production de réserve, qui est passée de 7 mb/j début 2021 à 5,2 mb/j selon Bloomberg et 4,6 mb/j selon l’EIA » a estimé l’Ifpen.  L’une des raisons de cette baisse de la capacité de réserve, estime-t-il, « est le déclin des investissements dans l’exploration et la production pétrolières ces dernières années ». Compte tenu des tendances de la demande, la capacité de réserve de l’OPEP pourrait tomber entre 2 et 3,7 mb/j d’ici la fin de l’année, à son plus bas niveau depuis 2018. « Si la relation entre les prix du brut et la capacité de réserve de l’OPEP n’est pas directe, les périodes de faible capacité de réserve sont souvent corrélées à des prix plus élevés – et vice versa – car les opérateurs sont soit confiants, soit inquiets quant à la quantité d’offre disponible en cas de crise (pour rappel, le pétrole brut a atteint un niveau record de près de 140 dollars le baril  en 2008, à un moment où les capacités de réserve de l’OPEP étaient particulièrement basses » argue l’Ifpen. L’évolution des stocks de pétrole contribue également à maintenir la tension sur l’offre mondiale. Selon l’AIE, les stocks industriels de l’OCDE sont tombés en novembre à leur niveau le plus bas depuis sept ans, soit 2 756 millions de barils ou 60,9 jours de demande. Les données préliminaires pour décembre montrent que les stocks de l’OCDE devraient encore baisser. Selon le rapport hebdomadaire de l’EIA pour la semaine du 14 janvier, les stocks de pétrole brut des États-Unis ont légèrement augmenté de 0,5 mb pour atteindre 414 mb, soit 8 % de moins que la moyenne quinquennale. La production de pétrole brut est restée stable à 11,7 mb/j, le nombre d’appareils de forage actifs ayant augmenté de 3 unités pour atteindre 604, soit le plus haut niveau depuis avril 2020.

Abdelkrim Salhi  

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