Alerte de la BAD sur la croissance en Afrique : La pandémie et la guerre en Ukraine risquent de laisser des séquelles sur 10 ans

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique s’est fortement amélioré en 2022, mais les effets persistants de la pandémie de Covid-19, et la guerre russo-ukrainienne pourraient, prochainement, poser de sérieux problèmes…

Par K. Bensalem

 Le PIB devrait en effet connaitre un ralentissement durant l’année en cours et même en 2023. C’est, en tout cas ce qui ressort des Perspectives économiques en Afrique 2022, publication phare de la Banque africaine de développement (www.AfDB.org), parue le 24 mai dernier. Le rapport de la BAD rappelle que le PIB de l’Afrique a enregistré une croissance de 6,9 % en 2021, selon les estimations, malgré une contraction de 1,6 % en 2020, due à la pandémie. Et, à ce propos, c’est la hausse des prix du pétrole et de la demande mondiale qui ont contribué à conforter les fondamentaux macroéconomiques de l’Afrique. Cependant, en raison de la persistance de la pandémie et des pressions inflationnistes causées par la guerre Russie-Ukraine, la croissance pourrait ralentir à 4,1 % en 2022 et rester « gelée » à ce niveau en 2023. De fait, la Russie et l’Ukraine sont les principaux fournisseurs de céréales du continent africain. Si l’on reprend les conclusions du rapport de la BAD, la pandémie et la guerre entre la Russie et l’Ukraine risquent, à l’évidence, de laisser une empreinte durable – sur une décennie. Pendant ce temps, en Afrique, quelque 30 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2021, une année qui a enregistré la perte de 22 millions d’emplois, causée par la pandémie. La tendance devrait se poursuivre au cours du second semestre de 2022, de même qu’en 2023. Ce sont 1,8 million de personnes supplémentaires qui pourraient plonger dans l’extrême pauvreté sur le continent africain en 2022, à cause des répercussions économiques liées à la guerre entre la Russie et l’Ukraine – un chiffre qui pourrait augmenter encore de 2,1 millions en 2023. D’après la BAD, le continent aurait ainsi besoin de 432 milliards de dollars de financements supplémentaires pour 2020-2022, d’après les calculs. Financer les Contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays africains, c’est-à-dire leurs engagements à participer à l’action collective sur le changement climatique après 2020, requerrait quelque 1 600 milliards de dollars entre 2022 et 2030. Le Groupe de la Banque africaine de développement indique qu’il a réagi à la probabilité d’une crise alimentaire imminente en lançant une Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars, approuvée par le conseil d’administration du Groupe la semaine dernière. Son président, M. Akinwumi Adesina, a déclaré que les efforts internationaux, y compris ceux du Groupe de la Banque africaine de développement, le Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette et les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux émis par le Fonds monétaire international soutiennent la reprise du continent. La BAD annonce que le thème des Perspectives économiques en Afrique de cette année est : « Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique », et ce, afin de mettre en relief la menace grandissante sur les personnes et leurs moyens de subsistance en Afrique et faire écho à celui des Assemblées annuelles2002 du Groupe de la Banque africaine de développement. C’est pourquoi l’édition 2002 du rapport est lancée à l’occasion de ces Assemblées, à Accra, au Ghana. « Aujourd’hui, le changement climatique est le défi le plus vital qui se pose au développement de l’Afrique », a affirmé l’économiste en chef par intérim et vice-président de la Banque, Kevin Urama. « Trouver des politiques qui aident à s’adapter au climat et à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en poursuivant le développement social et économique, est l’un des défis politiques les plus aigus de notre époque. Et d’ajouter : « Le rapport 2022 des Perspectives économiques en Afrique esquisse des options politiques – fondées sur des données probantes – à même d’impulser une croissance inclusive, tout en renforçant la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique ». L’Afrique qui émet le moins de gaz à effet de serre au monde, est affectée de manière disproportionnée par le changement climatique. Le continent voit son PIB amputé de 5 % à 15 % à cause du changement climatique. Entre 2016 et 2019, les pays africains dans leur ensemble, n’ont capté que 18,3 milliards de dollars de financements climatiques. Soit un déficit de finance climatique qui pourrait atteindre 127,2 milliards de dollars entre 2020 et 2030. L’Afrique pourrait même disposer d’un crédit carbone de 4 800 milliards de dollars d’ici à 2050 – sur la base du coût social actuel du carbone –, d’après le rapport de la BAD. La vulnérabilité de l’Afrique au changement climatique y est aussi soulignée. En 2020 et 2021, le continent a enregistré 131 catastrophes liées à des conditions météorologiques extrêmes et au changement climatique. Perspectives économiques de l’Afrique 2022 esquisse une série de recommandations politiques pour mieux reconstruire et engendrer des économies résilientes en Afrique. Accélérer la vaccination contre le virus Covid-19 et appuyer véritablement les industries pharmaceutiques nationales, réduire la dépendance à l’égard de sources uniques d’approvisionnement alimentaires et relancer les économies, figurent au nombre des recommandations émises. D’après la BAD, le thème des Perspectives économiques en Afrique 2022 est comme une préparation à la prochaine Conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP27, dite “COP africaine” car elle aura lieu en Égypte en novembre 2022.

K.B.

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