Finabi Conseil plaide, dans une étude, pour la réduction du capital minimum des banques et des établissements financiers. Finabi fait remarquer que le Produit net bancaire consolidé des banques en Algérie a été de 549 milliards de Dinars en 2020.
Par Abdelkrim Salhi
« Certes, la COVID et la situation politique en 2019 ont baissé l’activité de 4% par rapport à 2018. Cependant, le résultat net dégagé en 2020 a été de 163 milliards représentant une profitabilité nette de 30% et une rentabilité financière moyenne de 10% » relève Finabi Conseil. Malgré cette performance exceptionnelle, souligne le Cabinet, « le secteur bancaire en Algérie n’attire ni les investisseurs locaux ni étrangers ». En effet, indique Finabi, aucune banque n’a été agréée depuis 2008 ! La dernière autorisée à effectuer des opérations de banque a été Al Salam Bank en 2008. Le paysage bancaire, relève l’étude, ne compte plus que 06 banques publiques et 13 banques privées (la banque d’Algérie a retiré l’agrément du crédit agricole en 2021). « La place bancaire est restée figée depuis 2008. Les causes sont multiples » a constaté Finabi, indiquant que, dans cette analyse, il s’est focalisé sur le capital minimum exigé pour expliquer cette situation. Finabi Conseil a effectué une étude sur le capital social minimum exigé en France, Suisse, Tunisie et l’Union Monétaire de l’Ouest Africain et nous l’avons comparé à l’exigence règlementaire en Algérie. « Les résultats sont édifiants » relève le cabinet conseil. Le capital social minimum pour autoriser une banque en France est de 5 millions d’Euros. Le capital social minimum pour autoriser une banque en Suisse est de 10,417 millions d’euros. Le capital social minimum pour autoriser une banque en Tunisie est de 15,57 millions d’euros. Le capital social minimum pour autoriser une banque dans l’Union Monétaire de l’Ouest Africain (L’UMOA comprend actuellement : le Bénin, le Burkina, la Côte-d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) est de 15,24 millions d’euros. En Algérie, le capital social minimum exigé est de 20 milliards de DZD. L’équivalent de 142, 39 millions d’euros. 9 fois le capital exigé en Tunisie et dans l’UMOA. 14 Fois celui exigé en Suisse ! En effet, le règlement n°2018-03 du 4 novembre 2018, publié par la Banque d’Algérie, stipule que les banques et établissements financiers, constitués sous forme de sociétés par actions de droit algérien, doivent disposer, à leur constitution, d’un capital libéré en totalité et en numéraire au moins égal à 20 milliards de dinars, pour les banques et six milliards de dinars pour les établissements financiers. Les banques et établissements financiers dont le siège social est à l’étranger étaient tenus d’affecter à leurs succursales, autorisées par le Conseil de la monnaie et du crédit pour effectuer des opérations de banque en Algérie, une dotation au moins égale au capital minimum exigé pour la constitution des banques et établissements financiers de droit algérien relevant de la même catégorie, pour laquelle la succursale a été autorisée. Les banques et établissements financiers en activité devaient se mettre en conformité au plus tard le 31 décembre 2020. Dans un règlement n°2020-08 du 7 décembre 2020, la Banque d’Algérie a prolongé le délai au plus tard le 30 juin 2021. Selon Finabi Conseil, « cette exigence d’un capital pléthorique permet d’avoir des ratios prudentiels confortables mais réduit l’intérêt d’investisseurs potentiels innovants qui pourraient changer le paradigme du secteur bancaire algérien ». En outre, ajoute-t-il, le régulateur doit créer une “fenêtre” juridique pour s’adapter au contexte financier actuel. « Quelles sont les fintechs locales ou étrangères qui seront capables ou prêtes à lever 142 millions d’euros pour être autoriser à réaliser des opérations bancaires ? » s’interroge Finabi Conseil. Ce dernier pense « qu’il est important de réduire cette exigence règlementaire pour les banques classiques et l’adapter pour les fintechs dans la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit ». Cette analyse, estime Finabi Conseil, pourrait être extrapolée aux établissements financiers agréés. A titre d’exemple, le capital social minimum exigé en Tunisie est de 7,8 millions d’euros alors qu’en Algérie, le capital exigé est de 46,26 millions d’euros.
A.S.
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