Le groupe bancaire français prévoit un prix du pétrole compris entre 100 et 110 dollars par baril
Avec la mise en place de l’embargo massif de l’Europe sur 90% du pétrole russe d’ici à la fin de l’année, la détente des cours du pétrole, observée aujourd’hui, pourrait bien être de courte durée. C’est du moins le scénario du groupe bancaire français Crédit Agricole.
Par Abdelkrim Salhi
« Après avoir atteint des niveaux historiquement élevés à la veille des vacances d’été, les cours du pétrole se sont repliés sous l’action combinée d’une demande moins forte en carburants cet été aux États-Unis et d’une augmentation de la production de l’OPEP » relève Stéphane Ferdrin, du groupe bancaire français. Cependant, à quelques mois de l’embargo décrété par l’Europe sur 90% du pétrole russe, « la baisse du prix du pétrole pourrait n’être qu’un trompe-l’œil » estime –t-il, dans son scénario économique 2022-2023. Si le marché peut se réjouir de l’augmentation de la production de l’OPEP, « les capacités disponibles de l’organisation sont désormais très faibles » soutient le groupe bancaire français. L’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis et l’Irak – les premiers contributeurs à l’augmentation de la production de l’OPEP – ont aussi dû compenser les baisses de production de certains producteurs comme le Nigeria. La production de pétrole brut du pays le plus peuplé d’Afrique occidentale est passée sous la barre d’un million de barils par jour, faute d’investissements majeurs depuis plusieurs années. « Par ailleurs, si la demande en essence s’est logiquement détendue après l’été, les crack spreads (écart entre le prix du produit pétrolier à la sortie de la raffinerie et celui du pétrole) du diesel suggèrent que le marché du diesel souffre toujours d’une pénurie d’offre » fait remarqué le Crédit Agricole. Pour le groupe bancaire français, la mise en œuvre de l’embargo européen sur 90% du pétrole russe à la fin de l’année pourrait ainsi retendre les marchés pétroliers qui disposent de relativement peu de marge de production. Compte tenu de ces incertitudes, le scénario du Crédit Agricole reste prudent tant pour le dernier trimestre 2022 que pour l’année 2023 : il se base sur un prix du pétrole compris entre 100 et 110 dollars par baril. L’Opep et ses alliés s’est réuni, hier, et devait décider de réduire considérablement leur objectif de production de pétrole afin de limiter l’offre sur un marché déjà tendu et malgré les appels des Etats-Unis pour une augmentation des pompages. Une diminution de l’offre pourrait faire remonter les prix du baril, proches des 90 dollars contre 120 dollars il y a trois mois en raison des craintes de récession mondiale, du resserrement de la politique monétaire des Etats-Unis et de l’appréciation du dollar. « Selon l’intensité de la contrainte énergétique, imposée par la guerre en Ukraine, selon le rythme prévu de décélération de l’inflation, selon la sévérité de la morsure qu’impose le resserrement monétaire, les économies s’acheminent à des rythmes variés vers un ralentissement sensible voire une récession » prévoit le Crédit Agricole dans son scénario, pour les pays développés. Confrontée à une série de difficultés (inflation, resserrement monétaire local et mondial, risques géopolitiques), la croissance des pays émergents devrait rester faible au cours des prochains trimestres. Concernant l’Algérie, le Crédit Agricole table sur un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3,8% en 2022 et de 2,5% en 2023. L’inflation devrait atteindre 10,7% cette année avant de baisser à 7,3% l’année prochaine.
A.S.
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