L’Algérie et la France décident d’inaugurer une nouvelle ère de leurs relations d’ensemble en jetant les bases d’un partenariat renouvelé, qui se décline à travers une approche concrète et constructive, tournée vers des projets d’avenir et la jeunesse, à même de libérer le potentiel de leur coopération et conforme aux aspirations de leurs peuples.
Par Abdelkrim Salhi
« Ce nouveau partenariat privilégié », devenu une exigence dictée par la montée des incertitudes et l’exacerbation des tensions régionales et internationales, fournit un cadre pour concevoir une vision commune et une démarche étroitement concertée pour faire face aux nouveaux défis globaux (crises globales et régionales, changement climatique, préservation de la biodiversité, révolution numérique, santé…), au service de la paix, de la stabilité et du développement, dans le respect du droit international et dans l’esprit du multilatéralisme. « L’Algérie et la France entendent jouer un rôle central dans la promotion du partenariat entre l’Europe et l’Afrique la construction d’un espace méditerranéen de paix, de développement et de prospérité partagée » lit-on dans « la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé » signée, samedi, à Alger, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune avec son homologue français, Emmanuel Macron.
Institution d’un « Haut Conseil de coopération »
A cette fin, elles expriment leur volonté de définir un agenda conjoint d’avenir à horizon 2030 et de conclure un nouveau pacte pour la jeunesse. En matière de dialogue politique, l’Algérie et la France décident de rehausser leurs concertations politiques traditionnelles par l’institution du « Haut Conseil de coopération » au niveau des Chefs d’Etat, pour approfondir et concevoir, ensemble dans un esprit de confiance et de respect mutuels, des réponses adaptées aux questions bilatérales, régionales et internationales d’intérêt commun. « Le Haut Conseil de Coopération supervisera les activités des différents mécanismes de la coopération bilatérale et donnera les grandes orientations sur les principaux axes de coopération, sur les actions concrètes de partenariat et en évaluera la mise en œuvre » souligne-t-on. Des visites ministérielles bilatérales dans tous les domaines concernés se tiendront à échéance régulière pour en assurer le suivi. Ce Haut Conseil se tiendra tous les deux ans, alternativement à Paris et à Alger selon les modalités à définir ultérieurement. Concernant la mémoire, « Les deux parties entreprennent d’assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire dans l’objectif d’appréhender l’avenir commun avec sérénité et de répondre aux aspirations légitimes des jeunesses des deux pays. Dans cette perspective les deux pays conviennent d’établir une commission conjointe d’historiens français et algériens chargée de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance. « Ce travail scientifique a vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires. Ses travaux feront l’objet d’évaluations régulières sur une base semestrielle » précise-t-on dans la « Déclaration d’Alger ». Sur le plan de Mobilité, l’Algérie et la France « d’engager une réflexion pour bâtir des solutions concrètes et opérationnelles à même de répondre à leurs attentes respectives pour que la circulation des personnes entre les deux pays soit organisée et encadrée pour être pleinement respectueuse des lois, intérêts et contraintes du pays d’accueil tout en favorisant des échanges humains liés aux dynamiques économique, sociale, académique et touristique entre deux pays et deux sociétés partageant des liens multiples ». Les deux parties conviennent de définir les contours d’une plus grande coopération dans ce domaine, avec pour objectif d’encourager la mobilité entre les deux pays, notamment pour les étudiants, entrepreneurs, scientifiques, universitaires, artistes, responsables d’associations et sportifs, permettant de conduire davantage de projets communs.
Un nouvel élan aux relations économique
Par ailleurs l’Algérie et la France ont décidé de donner « un nouvel élan à leurs relations économiques pour favoriser un partenariat équilibré dans l’intérêt des deux pays ». Dans cette optique, elles entendent favoriser une relance de leurs échanges économiques et encourager le développement des partenariats entre leurs entreprises ainsi que la recherche pour l’innovation. Ces efforts porteront en priorité sur les secteurs d’avenir : le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme. Les deux parties sont convenues de coopérer ensemble sur la transition énergétique, notamment à travers une coopération dans les domaines du gaz et de l’hydrogène. Elles sont également convenues de lancer un programme de recherche d’innovation technologique sur la récupération et le traitement du gaz de torchage. Cette relance devrait se traduire par l’accroissement de l’investissement, la préservation et la création d’emplois sur leurs territoires respectifs, notamment à destination de la jeunesse, à travers une étroite implication des opérateurs économiques des deux pays à sa définition et au suivi de sa mise en œuvre. Dans cette perspective, les deux parties veilleront à l’opérationnalisation rapide du fonds d’investissement commun conçu pour accompagner les efforts conjoints de co-production et d’investissement. « La Déclaration d’Alger » évoque, également, la coopération éducative, scientifique, culturelle et sportive. La coopération entre l’Institut Pasteur de France et l’Institut Pasteur d’Algérie sera renforcée pour favoriser les mobilités de chercheurs et mettre en œuvre des programmes de recherche conjoints. De la même manière, la coopération entre le CNRS et la DGRSDT sera renforcée de manière à créer des actions structurantes dans le domaine de la recherche.
Un nouveau pacte pour la jeunesse
L’Algérie et la France décident de conclure un nouveau pacte pour la jeunesse, portant sur l’ensemble de ses dimensions et se traduisant par la mise en œuvre de projets concrets. « La Déclaration d’Alger » cite, entre autres, « la création d’un incubateur de start-ups en Algérie, et son appui par les structures publiques et privées d’ores et déjà développées, en vue d’établir un réseau d’incubateurs de part et d’autre de la Méditerranée ». Elle évoque, aussi L’appui à des projets d’investissement d’avenir en France et en Méditerranée, initiés notamment par les PME, à travers le Fonds de 100 millions d’euros pour les entrepreneurs issus de la diaspora maghrébine qui sera implanté à Marseille. Il s’agit, également, de développer la formation, à travers l’intensification des coopérations universitaires et de l’enseignement supérieur dans les domaines d’avenir, dont en priorité l’économie numérique, la transition énergétique, les industries culturelles et la santé, notamment. Un point d’étape, associant l’ensemble des acteurs publics et privés ainsi que les porteurs de projets, sera conduit tous les six mois pour évaluer les progrès effectués et donner de nouvelles impulsions.
A.S.
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