Le marché du pétrole évoluait, hier, en baisse après avoir rebondi de plus de 20% en deux semaines à des plus hauts d’un mois 98 dollars le baril pour le Brent sur fond de réduction de l’offre. Les cours de pétrole ont récemment profité de la décision de l’OPEP+ de réduire sensiblement ses quotas de production et par les sanctions des Occidentaux sur les hydrocarbures russes.
Par Abdelkrim Salhi
Néanmoins, la vigueur du dollar et les perspectives d’affaiblissement de la demande reviennent sur le devant de la scène, provoquant un léger repli des cours de pétrole depuis lundi. Hier, Vers 10H55 GMT (12H55 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre cédait 2,20% à 94,07 dollars, et celui de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en novembre perdait 2,49% à 88,87 dollars. En moyenne hebdomadaire, le prix spot du Brent se situait à 95 dollars le baril la semaine dernière en progression de près de 9 %. Le prix du Brent a flirté avec les 100 dollars le baril le 7 octobre progressant de 7 dollars le baril en 4 jours avec l’annonce par l’OPEP+ de la réduction de son offre relève l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen), dans son « tableau de bord » sur les marchés pétroliers, publié lundi dernier. L’OPEP+, lors de sa réunion du 5 octobre dernier, a décidé de réduire ses quotas de production de 2 millions de barils par jour (Mb/j) à partir de novembre prochain et de les stabiliser ensuite jusqu’en décembre 2023. Dans son communiqué final, l’OPEP+, qui ne se réunira désormais que tous les six mois, justifie cette décision du fait des « incertitudes entourant les perspectives de l’économie mondiale et du marché pétrolier et de la nécessité d’améliorer les orientations à long terme pour le marché pétrolier ». Cette décision a suscité une forme de réprobation de la Maison Blanche indiquant qu’il s’agissait d’une « décision à courte vue » alors que l’économie mondiale fait face à l’impact négatif continu de la guerre en Ukraine. « Le bilan pour le marché pétrolier dépendra toutefois de l’évolution de la consommation pétrolière mondiale, susceptible de moins progresser en raison du contexte économique » estime l’Ifpen. La directrice générale du Fonds Monétaire International a évoqué les risques de récession pour un ensemble de pays pesant un tiers de l’économie mondial et annonce un nouveau recul de l’estimation de la croissance économique mondiale cette année et en 2023. « La demande de pétrole au niveau mondial est très sensible aux variations du taux de croissance avec une élasticité de 0,55 (-1% de croissance économique -> -0,55% sur la demande de produits soit 0,5 Mb/j environ) » explique l’institut de recherche français. Ce dernier soutient que l’OPEP+ ne remplit pas ses quotas de production avec par exemple un écart de 3,4 Mb/j en août entre sa production effective (40,4 Mb/j hors Iran, Libye, Venezuela) et le quota global (43,8 Mb/j). Cet écart s’explique pour l’essentiel par des niveaux de production inférieurs aux objectifs en particulier pour le Nigeria (-0,8 Mb/j), l’Angola (-0,3 Mb/j), le Kazakhstan (-0,5 Mb/j) et la Russie (- 1,2 Mb/j). « En première approche, la baisse des quotas pourrait s’interpréter comme un ajustement aux productions effectives », fait remarquer l’Ifpen. Ce n’est pas le cas, estime-t-il, « puisque l’ajustement est réparti uniformément à hauteur de -4,6 % environ (-2Mb/j) pour l’ensemble des pays membres de l’OPEP+ (hors Iran, Libye et Venezuela, pays hors quota) ». Selon l’Institut français de recherche, « cela signifie, que la production effective devrait donc rester encore inférieure aux quotas ». Pour l’estimer, souligne l’Ifpen, « il convient de prendre en compte la poursuite ou non des défaillances pour le Nigeria et l’Angola et le scénario AIE de baisse de production pour la Russie ». Une hypothèse de hausse de la production du Kazakhstan est par ailleurs retenue en dépit des risques pesant sur les exportations de pétrole qui transitent par la Russie pour déboucher au port de Novorossisk sur la mer Noire. « Pour établir un bilan complet, il convient aussi de tenir compte des pays hors quota dont l’Iran. L’accord sur le nucléaire semble s’éloigner compte tenu de la situation intérieure dans ce pays et donc une stabilité de l’offre parait le scénario le plus probable pour le moment » ajoute le L’Ifpen. Sur ces bases la production de l’OPEP+ pourrait se situer, hors GNL (5,3 Mb/j environ), entre 43,6 et 44,6 Mb/j (Iran, Libye, Venezuela inclus) en novembre prochain et entre 42,6 et 43,6 Mb/j au début de l’année 2023, chiffres à comparer à une production de 44,7 Mb/j en août dernier. « Dans les deux scénarios considérés selon les hypothèses concernant les productions du Nigeria et de l’Angola, défaillances ou respect des quotas, il apparait que l’équilibre offre/demande serait relativement tendu dans les prochains mois » relève l’Ifpen. Dans le scénario 1, le bilan pétrolier serait déficitaire dès le 4e trimestre avec une accentuation du déficit tout au long de l’année 2023. Dans le scénario 2, le bilan est légèrement excédentaire au 1er semestre et déficitaire au second trimestre. « Ces estimations sont loin d’être définitives compte tenu des nombreuses hypothèses nécessaires côté offre pour les établir » nuance l’institut de recherche français, indiquant, également, que la demande pourrait également être revue à la baisse en 2023 (- 0,5 Mb/j ?) compte tenu des perspectives assez sombres du FMI. « L’équilibre pétrolier peut néanmoins susciter des inquiétudes sur les approvisionnements futurs, ce qui devrait contribuer à peser, au moins un temps, à la hausse sur les prix du pétrole » estime l’Ifpen.
A.S.
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