Le pétrole semble chercher une nouvelle direction dans un marché fébrile alimenté par les incertitudes sur l’économie chinoise et mondiale, la stratégie des banques centrales et leur politique de lutte contre l’inflation, le niveau inquiétant des stocks de pétrole dans le monde et l’équilibre du marché pétrolier.
Par Abdelkrim Salhi
Le Brent semble chercher une nouvelle direction face aux incertitudes du marché. Dans son dernier « tableau de bord » sur les marchés pétroliers l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen), indique que les prix du brut ont été particulièrement volatils la semaine dernière reflétant un manque de consensus parmi les acteurs. Le pétrole semble chercher une nouvelle direction dans un marché fébrile alimenté par les incertitudes sur l’économie chinoise et mondiale, la stratégie des banques centrales et leur politique de lutte contre l’inflation, le niveau inquiétant des stocks de pétrole dans le monde et l’équilibre du marché pétrolier. En moyenne hebdomadaire, le Brent a perdu 0,8 dollars le baril ($/b) à 83,9 $/b et le WTI 1,1 $/b à 79,8 $/b. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg (au 22 août) est stable, avec une moyenne de 81 $/b en 2023 et 83 $/b en 2024. Dans ce contexte économique mondial morose, les principaux membres de l’OPEP+ pourraient envisager de nouvelles mesures de réduction de la production de pétrole, d’autant plus que certains des pays les plus en difficulté du groupe enregistrent actuellement une croissance inattendue de leur production. Plusieurs études montrent en effet que l’Iran, l’Irak, la Libye, le Nigeria et le Venezuela pourraient voir leur production augmenter d’environ 0,9 million de barils par jours cette année et d’au moins autant en 2024. Au total, la production de ces 5 pays a dépassé les 10,4 millions de barils par jours (Mb/j) ces derniers mois, un niveau proche de la fin 2019. : Ces dernières semaines, les informations faisant état d’une augmentation significative des exportations de pétrole iranien se sont multipliées. Si officiellement les Etats-Unis continuent d’appliquer rigoureusement l’embargo pétrolier contre l’Iran, et qu’il n’est pas question de le rediscuter pour l’instant, il semble que les relations entre les deux pays s’apaisent un peu et que les Etats-Unis soient plus conciliants quant à l’augmentation des exportations vers la Chine. Selon les estimations de plusieurs consultants (Kpler, TankerTrackers, Vortexa), ces exportations se situent actuellement entre 1,5 Mb/j et 2 Mb/j, leur plus haut niveau depuis dix ans. Selon l’AIE, la production iranienne a atteint 3 Mb/j en juillet, son plus haut niveau depuis 2018, et selon le ministre du pétrole Javad Owji, elle pourrait atteindre 3,4 Mb/j dans les prochaines semaines, voire 3,6 Mb/j d’ici la fin de l’année, un niveau proche de celui d’avant l’embargo. La décision de l’administration Biden d’entamer également des pourparlers en vue de lever temporairement les sanctions à l’encontre du Venezuela ouvre la perspective d’une reprise de la production dans ce pays. L’assouplissement des sanctions pourrait relancer des projets de forage attendus depuis longtemps par Chevron, la seule compagnie pétrolière américaine présente au Venezuela, ainsi que par des compagnies européennes telles que Eni SpA, Repsol SA et Maurel & Prom. Toutefois, avec une production tombée à 0,8 Mb/j, contre près de 2 Mb/j avant l’embargo, la reprise de la production vénézuélienne risque de prendre beaucoup de temps. La production américaine a également augmenté de manière significative au cours des dernières semaines. Selon les données du DOE pour la semaine du 18 août, la production américaine a augmenté de 100 kb/j pour atteindre 12,8 Mb/j, soit une augmentation de 0,6 Mb/j depuis le début de l’année, et devrait dépasser les 13 Mb/j début 2024. « On assiste également depuis plusieurs semaines à une réorganisation/restructuration de l’industrie pétrolière et gazière amont américaine », indique l’institut de recherche français. Selon Rystad, les fusions et acquisitions dans le secteur ont atteint près de 40 milliards de dollars au premier semestre 2023, soit une augmentation de plus de 40 % par rapport à la même période l’année dernière, alimentée principalement par un retour des entreprises dans le bassin permien. Les fusions et acquisitions ont repris dans le Permien cette année (la dernière en date étant l’acquisition d’Earthstone Energy par Permian Resource), les entreprises publiques indépendantes cherchant à renforcer leurs portefeuilles ou peut-être à devenir elles-mêmes des cibles d’acquisition attrayantes pour des acheteurs potentiels plus importants, y compris les majors. « Si on est encore loin de l’âge d’or du schiste américain, le secteur semble repartir après avoir retrouvé une assise financière plus solide. On observe même une très légère reprise de la productivité moyenne des nouveaux puits forés », fait remarquer l’Ifpen.
A.S.
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