Le secteur bancaire public a connu une baisse de son produit net bancaire en 2021 passant de 427,3 milliards de DA à 415,3 milliards de DA donc une variation négative de 3% alors que le PIB national a connu une augmentation de 3,5% en 2021.
Par Abdelkrim Salhi
Par contre, la performance (le résultat net) a connu augmentation fulgurante passant de 123,5 milliards de DA à 165,6 milliards de DA soit une variation de 34% ! C’est ce que relève Chabane Assad, analyste financier et fondateur du cabinet de conseil Finabi. « La BNA a connu l’augmentation la plus atypique des six banques publiques » a fait remarquer l’expert. « Son Produit net bancaire a connu une augmentation de 8% (94,6 milliards de DA en 2021 versus 87,8 milliards de DA en 2020) alors que les autres banques publiques ont connu une baisse du PNB ou une stagnation. Son résultat net en 2021 a été de 46,7 milliards (il était que de 23,05 milliards de DA en 2020, une évolution positive dépassant les 103%) » Précise-t-il. Cette amélioration de la performance bancaire, analyse Chabane Assad, n’est par la résultante d’une amélioration de l’activité. D’ailleurs, relève le fondateur du cabinet Finabi, « les crédits à l’économie octroyés par le secteur public économique ont baissé de 18% passant de 8.951 milliards de DA en 2020 à 7.381 milliards de DA en 2021 (probablement la conséquence de rachat des crédits syndiqués par la Banque d’Algérie) ». Pour Chabane Assad, l’amélioration du résultat net consolidé du secteur bancaire public est due à la réduction du coût du risque au niveau du secteur bancaire public. « Le niveau de provisionnement net des créances était de 165,4 milliards de DA en 2020. Il a été de 90 milliards de DA en 2021. Une réduction du coût du risque de 46%. Par ricochet le résultat d’exploitation consolidé a connu une augmentation exceptionnelle de 31% (205 milliards de DA en 2021 versus 156 milliards de DA en 2020) » a fait savoir Chabane Assad. Ce dernier s’interroge sur la raison de cette améliorer. Serait-elle due à un meilleur recouvrement des créances en souffrance ou le rachat des crédits syndiqués par la banque d’Algérie ? Pour rappel, un programme Spécial de Refinancement (PSR) d’un montant de 2100 milliards dinars a été déployé à partir de juillet 2021. Le programme spécial de refinancement consistait en des opérations de cession temporaire d’apport de liquidités effectuées à l’initiative de la Banque d’Algérie. Ces opérations portaient sur des échéances de douze mois, renouvelables à deux reprises. Les effets que la Banque d’Algérie acceptait en garantie au titre opérations spéciales de refinancement sont les obligations émises par le Trésor public dans le cadre du rachat des crédits syndiqués. Selon le Fonds monétaires international (FMI), les bons du Trésor émis dans le cadre du programme de rachat des créances des EPE ont un taux d’intérêt de 2,75% et 3%, et des échéances de 10 ou 15 ans. La plupart de la liquidité obtenue par les banques publiques dans le cadre du PSR (soit 60 à 80%) est réinvestie dans des bons du Trésor à échéance 10 et 15 ans, et des taux de 5,4% et 5,7%. Pendant la crise, les réductions successives des réserves obligatoires et le PSR ont été les principaux moyens ayant permis d’apporter des liquidités aux banques et, par leur intermédiaire, à l’économie en général. La Banque mondiale indiquait, dans son dernier rapport de suivi de la situation économique en Algérie, qu’au fil de la mise en œuvre du PSR, les dettes bancaires des entreprises publiques économiques (EPE) ont fortement diminué, baissant de 25% entre juin 2021 et juin 2022 tandis que l’endettement de l’État auprès du secteur bancaire augmentait de 122%.
A.S.
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