En 2012, la dette publique détenue par le secteur bancaire primaire (banques commerciales) était de 1 502,2 milliards de dinars donc une augmentation significative de 500% entre 2012 et 2023. « Si des actions correctives ne sont pas apportées rapidement, cette situation risque de s’aggraver vu les déficits budgétaires prévisionnels des années 2024-2028, avertit Chabane Assad.
Par Abdekrim Salhi
L’exposition du secteur bancaire à la dette publique a atteint un niveau alarmant. C’est du moins ce que relève Chabane Assad, analyste financier et fondateur du cabinet de conseil Finabi, dans une analyse publiée LinkedIn. « Les statistiques sur la dette publique détenue par le secteur bancaire communiquées par la Banque d’Algérie, dans son rapport annuel mettent en exergue cette situation de dépendance mutuelle entre le trésor et le secteur bancaire », indique l’analyste financier. « Le premier finance ses déficits grâce à ce mécanisme et le deuxième dégage un rendement sans risque conséquent en achetant les bons de trésor pour rentabiliser ses ressources », explique le fondateur de Finabi Conseil. Selon ce dernier, la dette publique à la fin 2023 était de 15 920 milliards de dinars. Le secteur bancaire primaire détient 9 001,6 milliards de cette dette publique. Le reste est détenu par la Banque d’Algérie. En 2012, la dette publique détenue par le secteur bancaire primaire (banques commerciales) était de 1 502,2 milliards de dinars donc une augmentation significative de 500% entre 2012 et 2023. « Si des actions correctives ne sont pas apportées rapidement, cette situation risque de s’aggraver vu les déficits budgétaires prévisionnels des années 2024-2028, avertit Chabane Assad, qui rappelle que dans un rapport datant de la fin août 2024, la banque mondiale a « attiré l’attention sur le poids excessif de la dette publique dans les avoirs des banques nationales des pays émergents. C’est là un talon d’Achille pour certaines économies, en particulier celles dont les politiques macroéconomiques sont moins rigoureuses et qui sont en butte à des problèmes de viabilité de leur dette publique. Ainsi entre 2012 et 2023, l’exposition des banques à la dette publique a augmenté de plus de 35 % ». En Algérie, souligne l’analyse financier, cette augmentation a été de 500% sur la période d’analyse. Chabane Assad recommande de mettre en place une instance de contrôle de gestion au niveau de l’Etat pour piloter la performance (réduire les coûts sans altérer les objectifs stratégiques). Il propose de réformer le système de subvention (transferts sociaux) actuel mais d’une manière intelligente et ciblée pour préserves les couches sociales défavorisées. « En 2023, elles représentaient 5 263,3 milliards de dinars. Fixer un objectif de réduction de 2 000 milliards fin 2027 », fait-il savoir. Le fondateur de Finabi Conseil suggère aussi, de privatiser le secteur public économique non stratégique via la bourse afin de financer les déficits futurs à court terme. « A moyen terme, la restructuration de ces EPE permettra d’augmenter les recettes fiscales ordinaires », estime-t-il. L’analyse recommande, également d’Imposer une norme prudentielle au secteur bancaire d’affecter plus de ressources au financement de l’économie et de réformer le système fiscal pour améliorer les recettes de la fiscalité ordinaires. Pour rappel, les services du FMI estiment, dans son dernier rapport, que la dette publique a augmenté pour atteindre près de 49,5 % du PIB, base 2001. Bien que les services du FMI prévoient une résorption progressive des déficits budgétaires à moyen terme, des besoins de financement importants entraîneraient une hausse du ratio de la dette publique. Les retraits sur le fonds de régulation des recettes (FRR) en 2023 et 2024 devraient réduire la nécessité de procéder à de nouveaux emprunts pour couvrir les besoins de financement au cours de ces années-là, interrompant ainsi la hausse du ratio de la dette publique jusqu’en 2025, même si les déficits primaires se creusent. Toutefois, avec le tarissement des soldes du FRR, le ratio de la dette publique devrait augmenter à nouveau à compter de 2025 et une réduction progressive des déficits budgétaires ne suffirait pas pour stabiliser le ratio d’endettement.
A.S.
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