Marché pétrolier : Le Brent oscille entre risques sur la demande et risques sur l’offre

Les prix du pétrole poursuivaient leur hausse, soutenus par les incertitudes autour de l’offre, un accord sur le nucléaire iranien s’éloignant et le projet de plafonnement des prix des hydrocarbures russes laissant craindre des représailles de Moscou.

Par Abdelkrim Salhi

Vers 09H40 GMT, le baril de de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre prenait 1,05% à 94,99 dollars. Le baril de West Texas Intermediate américain pour livraison en octobre montait quant à lui de 1,12%, à 88,76 dollars. “Les prix du pétrole sont relativement stables jusqu’à présent aujourd’hui après avoir fortement rebondi ces derniers jours”, commente Craig Erlam, analyste chez Oanda. Un dollar contribue au regain du pétrole, permettant aux investisseurs utilisant d’autres devises d’augmenter leur pouvoir d’achat, l’or noir s’échangeant en billets verts. L’analyste cite également le “nouveau blocage des négociations entre les États-Unis et l’Iran sur l’accord nucléaire et des récents avertissements de l’OPEP+ concernant la production” comme facteurs tirant le pétrole vers le haut. Avant ce rebond, les deux références du pétrole s’échangeaient à leurs niveaux les plus bas depuis 6 mois. Dans son dernier tableau de bord pétrolier publié lundi, l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen) évoque des mouvements erratiques pour le prix du Brent la semaine dernière. En moyenne hebdomadaire, indique l’institut de recherche français, le prix spot du Brent se situait à 90,2 dollars le baril la semaine dernière en recul de près de 7 % (WTI à 85,3 dollars le baril, -6,1 %). « Ce mouvement global de baisse cache des évolutions heurtées avec un prix qui est passé de 94 dollars le baril à 86 dollars le baril avant de remonter à 91 dollars le baril en fin de semaine » relève l’Ifpen. Le prix du pétrole, explique l’institut français de pétrole, a en parti suivi les évolutions des marchés financiers orientés d’abord à la baisse avant de progresser après avoir « digéré » la décision de hausse des taux de la BCE. Le marché pétrolier a également été influencé par les déclarations du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, désormais plus pessimisme sur une conclusion rapide des négociations pour sauver l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien. Il convient également de mentionner le recul du dollar la semaine passée, ce qui favorise la progression du prix du pétrole. Enfin, la décision OPEP+ du 5 septembre, actant une réduction symbolique de l’offre, semble affirmer une volonté de soutenir, si nécessaire, les cours du pétrole dans les mois à venir. Cette décision, conjuguée à l’incertitude sur l’offre russe, a contribué à la progression des prix en fin de semaine.

L’OPEP+ avertit de sa capacité à réagir à une baisse des prix.

L’OPEP+ a décidé de réduire son quota de production du mois d’octobre de 0,1 million de baril par jour (Mb/j) lors de sa réunion du 5 septembre dernier rappelle l’Ifpen. « Cela annule la hausse équivalente appliquée sur le mois de septembre et décidée un mois auparavant » fait remarquer l’institut de recherche français. « En première approche, cette nouvelle décision relève du symbolique alors que le quota fixé pour septembre atteint 43,8 Mb/j. Par ailleurs les quotas ne sont plus représentatifs de la production effective. La production de l’OPEP+ soumis à quota (hors Iran, Libye et Venezuela) est inférieure de plus de 3 Mb/j par rapport à l’objectif en raison d’une offre plus faible pour le Nigeria (-0,7 Mb/j), l’Angola (- 0,4 Mb/j) et la Russie (- 1,7 Mb/j) » fait savoir l’Ifpen. Au-delà du symbole, estime-t-il,  « l’OPEP+ avait probablement plusieurs messages à faire passer ».  Le premier concerne sa capacité à s’adapter à un contexte global incertain, ce qui est clairement mentionné dans le communiqué final. Le second message éventuel concerne les pays occidentaux qui interfèrent sur le marché pétrolier. Ainsi, le retour possible de l’Iran ou la volonté de plafonner le prix du pétrole russe pourraient menacer les intérêts des pays producteurs. L’OPEP+ semble ainsi indiquer que l’organisation réagirait si la baisse des prix était trop importante et décorrélée de la réalité, réalité caractérisée par la faiblesse des capacités de production en réserve.

A.S.

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