Marché pétrolier : Le prix du Brent évolue autour des 75 dollars le baril depuis début mai

Le prix spot du Brent a progressé de près de 4 dollars le baril ($/b) la semaine passée, passant de 72 $/b lundi dernier à 76,3 $/b en fin de semaine, relève l’institut de recherche français, IFP Energies Nouvelles (Ifpen).

Par Abdelkrim Salhi 

  En moyenne, « il est néanmoins en recul de 2 % d’une semaine sur l’autre pour s’établir à 74,4 $/b (WTI à 69,4 $/b, -3,0 %) », fait remarquer l’Ifpen. Ce dernier indique que les marchés financiers et pétroliers n’ont pas réagi négativement aux annonces des banques centrales suggérant de nouveaux ajustements de taux. Le prix du pétrole a, pour sa part, été soutenu par le recul du dollar (l’Euro a gagné près de 2 % la semaine passée) mais aussi par les dernières anticipations de croissance de la demande mondiale cette année. Pour le moyen terme, l’AIE anticipe le recul du niveau de croissance annuel de la demande mondiale de pétrole d’ici 2018, ce qui permet d’envisager un prix modéré pour les années à venir hors situations exceptionnelles. La dernière publication mensuelle de l’AIE évoque des « signaux divergents (mixed signals) » pour le marché pétrolier, indique L’AIE estime ainsi que la croissance de la demande pourrait atteindre 2,4 millions de barils par jour (Mb/j) cette année (dont 1,4 Mb/j pour la Chine) et ralentir en 2024 à seulement 0,8 Mb/j (dont 0,5 Mb/j pour la Chine) en raison du ralentissement de la croissance économique et de la fin du rattrapage post-Covid. L’Ifpen rappelle que la demande n’a progressé « que de » 1,6 Mb/j entre 2019 et 2023, soit + 0,4 Mb/j en moyenne par an, niveau bien inférieur à la tendance de ces dernières années (environ + 1,4 Mb/j par an de 2014 à 2019). Les niveaux très élevés de croissance observés depuis 2021 (+10,6 Mb/j en cumulé) ont compensé la baisse exceptionnelle de 2020 (-9 Mb/j).  Ces anticipations divergent une nouvelle fois par rapport à celles de l’agence américaine (EIA) qui anticipe des croissances plus équilibrées cette année et l’an prochain à hauteur de respectivement 1,6 et 1,7 Mb/j. La production des non-OPEP+ devrait progresser sur ces deux années de respectivement 1,7 Mb/j et 1,1 Mb/j (EIA : +2,2 Mb/j et 1,0 Mb/j). Sur la base des quotas mis en place par l’OPEP+ jusqu’en 2024, l’écart offre/demande serait déficitaire au second semestre puis excédentaire au 1ersemestre 2024 et à nouveau déficitaire fin 2024. « Ce bilan tient compte en particulier d’un retour de la production de l’Arabie saoudite à 10,48 Mb/j en 2024 en ligne avec ses quotas », précise l’Ifpen. L’AIE, ajoute l’institut français de recherche, ne retient que 10 Mb/j ce qui accentue le déficit en fin d’année 2024. Au-delà de cette différence liée en partie à la difficulté à suivre la politique OPEP+, la gestion du marché risque d’être délicate pour l’OPEP+ face à ces bilans instables. « Au-delà des pressions baissières régulières sur les prix du pétrole liées aux incertitudes économiques, la politique OPEP+ des quotas est probablement trop peu lisible pour convaincre pleinement les marchés de son efficacité », soutient l’Ifpen. Selon ce dernier, Il existe en effet un décalage important entre la production effective et les quotas. Les baisses annoncées sont ainsi appliquées à des quotas supérieurs à la production réelle. L’écart entre les quotas et la production était de 2,6 Mb/j en avril et de 1,6 Mb/j en mai. En mai, la production de l’OPEP+ devait baisser de 1,6 Mb/j à la suite des baisses volontaires de production décidées en particulier par l’Arabie saoudite et la Russie (-0,5 Mb/j chacun). La baisse effective de la production n’est que de 0,6 Mb/j mettant en évidence ce décalage avec les engagements. Côté Russe, la production est restée stable à 9,5 Mb/j du fait de la bonne tenue des exportations. Le dernier rapport de l’AIE fait état d’un total exporté de 7,8 Mb/j en mai, en recul de 0,3 Mb/j d’un mois sur l’autre. La moyenne 2023 s’établit à 7,9 Mb/j contre 7,7 Mb/j l’an passé. Par ailleurs, l’Ifpen signale que, les réserves commerciales de pétrole brut ont progressé de 7,9 millions de barils (Mb) pour la semaine se terminant le 9 juin, alors que les analystes s’attendaient à une hausse de 0,5 Mb. Les tendances sont également orientées à la hausse pour l’essence et les distillats (+2,1 Mb chacun). « Il convient toutefois de relativiser ces hausses alors que l’EIA rappelle que les stocks de pétrole brut, d’essence et de distillats se situent à des niveaux inférieurs à la moyenne sur 5 ans (-0,6 % ; -7,1 %, -14,5 % respectivement) », nuance l’Ifpen. La production de pétrole aux États-Unis est restée stable à 12,4 Mb/j, proche du record de février 2020 de 13,1 Mb/j. Globalement, L’Ifpen souligne un ralentissement progressif de la croissance de la demande de pétrole au niveau mondial qui passera de +0,6 Mb/j en 2024 à +0,3 Mb/j en 2028. Cette tendance s’explique, d’après l’AIE, par l’efficacité énergétique, la pénétration des véhicules électriques et le remplacement du pétrole pour la production d’électricité par le gaz naturel ou des ENR en particulier au Moyen Orient. Côté production, l’AIE met en évidence une croissance significative de l’offre des pays non OPEP+ (Etats-Unis, Brésil, Guyana en particulier) à hauteur de 5 Mb/j entre 2022 et 2028 et un léger recul de la production des pays partenaires de l’OPEP (-1,1 Mb/j. Pour équilibrer le marché, l’offre OPEP ne devrait progresser que de 1,6 Mb/j d’ici 2028 ce qui pourrait favoriser une relative détente des prix dans les prochaines années. Les investissements mondiaux en exploration production dans le pétrole et le gaz devraient augmenter d’environ 11 % en 2023.

A.S.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*