Marché pétrolier : L’offre réduite pousse le Brent à 95 dollars

Les prix du pétrole poursuivaient leur montée, hier, poussés par l’offre mondiale réduite, le Brent dépassant les 95 dollars le baril pour la première fois depuis novembre, mais la semaine riche en décisions de banques centrales pousse tout de même les investisseurs à la prudence.

Par Abdelkrim Salhi

Vers 10H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, prenait 0,62% à 95,02 dollars, après avoir culminé jusqu’à 95,33 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en octobre, gagnait 1,20% à 92,58 dollars, peu après avoir touché 92,95 dollars. ‘offre réduite soutient « les prix, du moins pour l’instant » et les inquiétudes quant à l’ampleur du déficit de l’offre dopent aussi la hausse actuelle, commente Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. La semaine dernière, les prix du pétrole brut ont augmenté de manière significative pour la troisième semaine consécutive, le marché continuant à se resserrer à la suite des réductions de production de l’Arabie Saoudite et de la Russie, alors que la demande de pétrole devrait atteindre 101,8 millions de baril par jour (Mb/j) en moyenne cette année. C’est ce que relève L’IFP Energies Nouvelles (Ifpn), dans son tableau de bord sur les marchés pétroliers, publié avant-hier, lundi.  « Selon les rapports mensuels publiés la semaine dernière par les principales agences de surveillance du marché pétrolier, cette situation devrait se poursuivre tout au long du second semestre, avec un déficit d’offre variant entre 0,4 Mb/j pour l’EIA, 1,2 Mb/j pour l’AIE et 2,0 Mb/j pour l’OPEP », indique l’Institut français de recherche. En moyenne hebdomadaire, le Brent a gagné +2,4 dollars le baril ($/b) pour atteindre 92,4 dollars le baril ($/b) et le WTI +2,0 $/b pour atteindre 89,1 $/b.  « Depuis la mi-juin, les prix du pétrole brut ont bondi de plus de 30 % et les analystes sont divisés entre ceux qui prévoient un pétrole brut à 100 $/b d’ici la fin de l’année et ceux qui, sur la base de l’analyse technique (indice RSI, oscillateurs stochastiques et bandes de Bollinger), estiment que l’emballement des marchés financiers devrait bientôt prendre fin, avec une consolidation probable dans les semaines à venir » fait remarquer, dans son analyse, l’Ifpen. Entre-temps, sur les marchés à terme, les gestionnaires de fonds ont continué à augmenter leurs paris haussiers sur le Brent et le WTI, atteignant un niveau de positions longues nettes combinées de 494 888 (+9,5 %), le niveau le plus élevé depuis plus d’un an. « Face aux nombreuses incertitudes du marché, le consensus des économistes interrogés par Bloomberg (au 15 septembre) reste prudent pour la deuxième semaine consécutive, avec une moyenne de 81,3 $/b en 2023 et 83 $/b en 2024, et un plafond à 98 $/b pour les deux prochaines années » indique l’Ifpen. Ce dernier rappelle que dans son dernier rapport mensuel, l’AIE a maintenu ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour cette année à +2,2 Mb/j pour atteindre 101,8 Mb/j. « Cette prévision repose sur plusieurs facteurs clés, notamment la reprise de la consommation en Chine (qui représente plus des 2/3 de la croissance de la demande mondiale de pétrole), la demande en jet/kérosène et en produits pétrochimiques. Malgré un contexte économique difficile, l’AIE souligne que la demande de produits pétroliers en Chine demeure robuste, avec un nouveau record historique en juillet à 16,7 Mb/j », explique l’institut français. En moyenne, la croissance de la demande chinoise pour l’année 2023 devrait s’élever à 1,6 Mb/j, représentant une augmentation impressionnante de 11,1 % en glissement annuel. Après cette phase de reprise post-crise sanitaire, l’AIE prévoit que la croissance de la demande de pétrole en Chine retrouvera un rythme plus stable, en ligne avec la croissance macroéconomique du pays.  Compte tenu du ralentissement économique anticipé, la demande chinoise de pétrole devrait alors ralentir en 2024, avec une croissance estimée à 0,6 Mb/j. Il est important de noter que les prévisions de l’AIE pour la demande chinoise en 2023 diffèrent significativement de celles des autres Agences, qui anticipent une croissance beaucoup plus modeste. Dans son dernier rapport, l’EIA prévoit une croissance de la demande chinoise 2 fois plus faible, à 0,8 Mb/j (soit une augmentation de +5,1 %), proche des estimations de l’OPEP (avec une croissance annuelle de 1 Mb/j et +6,5 %). Cependant, pour l’année 2024, les scénarios élaborés par les différentes agences tendent à converger, avec une croissance de la demande chinoise estimée de l’ordre de 0,4 à 0,6 Mb/j. Concernant l’offre mondial de pétrole, l’AIE prévoit une baisse de 0,3 Mb/j entre août et la fin de l’année, en raison de la diminution de la production non-OPEP+ et de la prolongation des coupes supplémentaires de production de l’Arabie saoudite et de la Russie jusqu’à la fin de 2023. Sur une base annuelle, la production de pétrole de l’OPEP+ devrait connaître une baisse d’environ 0,5 Mb/j en 2023 par rapport à l’année 2022. Dans ce contexte, le déséquilibre entre l’offre et la demande de pétrole au troisième trimestre a atteint 1,6 Mb/j, son niveau le plus élevé depuis 2021.  En réaction, les stocks mondiaux de pétrole ont fortement baissé en août de 76,3 Mb (2,46 Mb/j) atteignant ainsi leur plus bas niveau en 13 mois. La plus forte baisse a été enregistrée au niveau des stocks de pétrole en mer, qui ont chuté de plus de 50 Mb par rapport aux niveaux de fin juillet. Parallèlement, les stocks de pétrole situés en dehors des pays de l’OCDE ont baissé de 20,8 Mb, tandis que les stocks de l’OCDE ont diminué de 3,2 Mb. La hausse des prix du pétrole constitue une aubaine pour l’Algérie. Elle offre à l’Algérie une marge de manœuvre plus confortable pour consolider comptes extérieurs et financer la croissance. 

A.S.

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