Marché pétrolier : Ruptures d’approvisionnement et reprise de la demande

Après plusieurs semaines d’évolution dispersée, les prix du pétrole brut sont repartis à la hausse la semaine dernière suite à la publication du rapport mensuel de l’AIE et des données hebdomadaires sur les stocks de pétrole américains qui confirment que le marché du pétrole se resserre relève l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen) dans dernier tableau de bord sur le marché pétrolier.

Par Abdelkrim Salhi

En moyenne hebdomadaire, indique l’institut de recherche français, le Brent sur le marché à terme de Londres a gagné +2,5 dollars le baril ($/b) (+3,5%), pour atteindre 74,7 $/b. Le WTI a suivi la même tendance, gagnant +2,7 $/b (+4,0 %) pour atteindre 71,6 $/b. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg sur le prix du Brent est stable à 68,5 $/b en 2021 et 66,9 $/b en 2022.  Après avoir revu à la baisse ses perspectives de croissance de la demande au cours des trois derniers mois, en raison de la résurgence des cas de Covid-19, notamment dans certaines régions d’Asie, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans son dernier rapport mensuel, voit maintenant la demande rebondir de +1,6 million de barils par jour (mb/j) en octobre et continuer à croître jusqu’à la fin de l’année. Pour cette année, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de +5,2 mb/j pour atteindre 96,1 mb/j et de +3,2 mb/j en 2022 pour atteindre 99,4 mb/j.  Du côté de l’offre, des ruptures d’approvisionnement dans plusieurs régions du monde ont fortement impacté l’offre mondiale de pétrole au cours des dernières semaines. Aux États-Unis, l’ouragan Ida, la pire tempête à frapper la région du Golfe du Mexique depuis les ouragans Katrina et Rita en 2005, pourrait entraîner une perte de production allant jusqu’à 30 millions de barils (mb), selon l’AIE. Ailleurs, les ruptures d’approvisionnement ont totalisé 600 mb/j en août en raison d’incendies dans des installations pétrolières au Mexique et en Russie, de problèmes opérationnels au Nigeria et en Libye, et d’une maintenance majeure au Kazakhstan. « Toutes ces pertes de production n’ont été que partiellement compensées par une augmentation de la production OPEP et non-OPEP » constate l’Ifpen. En effet, alors que l’OPEP+ envisageait une augmentation mensuelle de 400.000 barils par jours de pétrole brut, l’offre totale de pétrole de l’OPEP+ (y compris les condensats et les liquides de gaz naturel) a diminué de 300 000 barils par jour en août, tandis que la production hors OPEP+ a diminué de 240 000 barils par jour. « En conséquence, la production mondiale de pétrole a diminué de 540 000 barils par jour en août pour atteindre 96,1 mb/j » estime l’institut français de recherche. « Dans ce contexte, la balance pétrolière mondiale (différence entre l’offre et la demande) devrait rester négative jusqu’à la fin de l’année (environ -1 mb/j en 2021), ce qui devrait continuer à soutenir les prix du brut » ajoute l’Ifpen. « Pour 2022, si l’OPEP+ suit son plan (augmentation de 400 000barils par jour de la production chaque mois jusqu’en septembre 2022), la balance pétrolière devrait alors s’inverser complètement avec un excédent estimé par l’Agence à +3 mb/j fin 2022, ce qui devrait probablement inciter les pays de l’OPEP+ à revoir leur accord d’ici là » prévoit-il. Selon l’Ifpen, les stocks pétroliers de l’OCDE ont affiché une forte baisse pour le deuxième mois consécutif en juillet, de 34,4 mb, ou 1,1 mb/j. À fin juillet, les stocks totaux de pétrole s’élevaient à 2 850 mb, soit 185,7 mb de moins que la moyenne 2016-2020 et 120,3 mb de moins que la moyenne 2015-2019 d’avant la crise. Les données préliminaires sur l’évolution des stocks pétroliers suggèrent que la baisse devrait se poursuivre au cours des prochains mois. « Si ces estimations se confirment, la baisse attendue en août placerait les stocks industriels de l’OCDE à un niveau exceptionnellement bas, en dessous de la limite inférieure de leur fourchette sur cinq ans » souligne l’institut de recherche.  Selon les données hebdomadaires de l’EIA pour la semaine du 10 septembre, les stocks de pétrole brut ont diminué de 6,4 mb la semaine dernière. Cette baisse a été soutenue par des exportations nettes en hausse de 330 mb/j, et une production des raffineries en hausse de 84 mb/j. Contrairement aux tempêtes précédentes, l’activité des raffineries a redémarré plus rapidement que l’offre, obligeant les opérateurs à puiser dans les réserves stratégiques de pétrole (SPR), qui ont diminué de 0,5 mb. La production de pétrole brut est en hausse de 100 000 barils par jour à 10,1 mb/j et le nombre d’appareils de forage actifs est en hausse de +512.

A.S.

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