Marchés pétroliers : L’analyse de l’IFP Energies Nouvelles

Le prix spot du Brent a évolué la semaine passée autour des 70 dollars le baril contre 80 dollars le baril 15 jours auparavant. L’évolution des prix du pétrole a été influencée principalement par les inquiétudes économiques liées à la pression inflationniste et par les risques sur la demande pétrolière en raison du variant Omicron. C’est ce qu’a indiqué l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen) dans son tableau de bord sur les marchés pétroliers publié lundi dernier.

Par Abdelkrim Salhi

 « La décision de l’OPEP+ du 2 décembre, qui a acté une nouvelle hausse de 0,4 millions de barils par jours (Mb/j) en janvier prochain, a contribué, sans l’accentuer, à la pression baissière » estime l’institut de recherche français « Le constat d’un excédent à venir sur le marché semble acté, ce qui devrait, sauf changement sensible sur la demande ou sur l’offre, conforter la relative détente des prix » ajoute-t-il. Au cours de la 23e rencontre ministérielle OPEP / non OPEP qui s’est tenue le 2 décembre, l’OPEP+ a choisi d’appliquer sa stratégie définie le 18 juillet dernier Elle prévoit entre autres une hausse mensuelle de 0,4 Mb/j, hausse appliquée depuis août dernier et qui le sera donc en janvier prochain, ce qui représente une croissance mensuelle de l’ordre de 1% du total produit par l’OPEP+ (hors Libye, Iran, et Venezuela). « L’OPEP+ a donc choisi d’attendre avant de revoir éventuellement sa stratégie, option qui est prévue dans l’accord. Celui-ci prévoit de suivre l’évolution de la pandémie et de « continuer à surveiller de près le marché et à procéder à des ajustements immédiats si nécessaire ». Selon l’Ifpen, « un changement de stratégie pourrait devenir plus pressant dans les prochains mois en raison des excédents anticipés en 2022, excédents qui pourraient être plus ou moins accentués par les conséquences, encore incertaines à ce stade, du variant Omicron ». Un tel changement, estime l’institut de recherche français, « ne sera pas obligatoirement très simple à gérer ce qui peut aussi expliquer le choix du statu quo de la dernière réunion ». Pour s’en convaincre, l’Ifpen rappelle les tensions assez fortes survenues le 5 juillet dernier, entrainant le report de 13 jours de la réunion OPEP+. Les EAU ne souhaitaient pas la poursuite de l’accord après avril 2022 sans révision des quotas, ce qui fut accordée lors de la réunion du 18 juillet. Les nouveaux quotas, applicables en mai prochain, sont censés progresser sensiblement à hauteur de 1,6 Mb/j, dont 0,5 Mb/j chacun pour l’Arabie saoudite et la Russie, le solde se partageant entre les EAU (+ 0,3 Mb/j), le Koweït et l’Irak (+0,15 Mb/j). Est-ce réaliste d’augmenter les quotas compte tenu des perspectives actuelles du marché ? ce n’est pas sûr estime l’institut français. Est-ce délicat pour la cohésion OPEP+ de remettre en cause cet accord ? probablement. « Mais l’OPEP+ a montré, ces dernières années, sa capacité à s’adapter. Cela pourrait être une nouvelle fois le cas. Le prochain rendez-vous est fixé au 4 janvier 2022 » prévoit l’Ifpen. Ce dernier évoque, également, les conditions de l’usage des stocks stratégiques américains. L’administration américaine, indique l’Ifpen,  a explicité le 23 novembre les conditions de la mise en œuvre du déstockage à hauteur de 50 Mb en provenance des stocks stratégiques (SPR). La maison Blanche a tout d’abord rappelé qu’il s’agissait de « faire baisser les prix pour les Américains et remédier à l’inadéquation entre la demande et l’offre ». Selon l’institut français, Il y a eu une coïncidence heureuse entre la baisse des prix (effet Omicron et inflation) et l’annonce de l’usage de ces stocks. Sur les 50 millions de barils (Mb), 32 Mb seront libérés sous forme de « prêt » remboursable ultérieurement (exchange agreements) et 18 Mb seront libérés par anticipation des plans prévus à ce jour. L’EIA a rappelé de son côté que les programmes actuels prévoient une division par deux environ des stocks d’ici 2032, qui atteindraient 314 Mb à cet horizon contre 602 Mb au 26 novembre. A court terme la baisse est estimée à 15 Mb en 2022 et à près de 35 Mb en 2023, soit 0,1 Mb/j et 0,3 Mb/j en raisonnant sur une période de quatre mois. « L’impact reste donc modeste » note l’Ifpen.

A.S.

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