Perspectives de l’offre et de la demande mondiale de pétrole : Les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie

Selon une nouvelle analyse, la croissance de la demande mondiale de pétrole devrait ralentir dans les années à venir, alors que le monde poursuit sa transition énergétique. Dans son dernier rapport, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que la demande mondiale de pétrole augmentera d’1 million de barils par jour (bpj) en 2024.

Par K. Bensalem

Une projection qui contredit les prévisions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le 11 juin, cette dernière a déclaré que la demande mondiale de pétrole augmenterait de 2,25 millions de bpj en 2024 en raison de la croissance de marchés tels que la Chine, l’Inde, le Moyen-Orient et l’Amérique latine. Dans son analyse, l’AIE note que la baisse de la demande de pétrole dans les années à venir atténuera les tensions sur le marché et indique qu’elle portera la capacité de production excédentaire à des niveaux jamais atteints depuis la crise de la Covid-19. «Alors que la reprise postpandémie perd son élan, que la transition vers les énergies propres progresse et que la structure de l’économie chinoise se transforme, la croissance de la demande mondiale de pétrole ralentit; elle devrait atteindre son niveau maximal d’ici à 2030. Cette année, nous nous attendons à ce que la demande augmente d’environ 1 million de bpj», précise Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. M. Birol souligne que les compagnies pétrolières doivent se préparer à faire face aux changements qui se produisent actuellement dans le secteur de l’énergie. «Les projections de ce rapport, basées sur les données les plus récentes, montrent que cette décennie sera marquée par une offre excédentaire majeure, ce qui suggère que les compagnies pétrolières devraient s’assurer que leurs stratégies et leurs plans opérationnels sont adaptés aux changements en cours», ajoute M. Birol. Le rapport prévoit également que les ventes croissantes de véhicules électriques et le remplacement du pétrole par des énergies renouvelables ou du gaz dans le secteur de l’électricité réduiront considérablement l’utilisation du pétrole dans les transports routiers et dans la production d’électricité. Selon le rapport, la demande mondiale de pétrole, qui inclut les biocarburants, s’est élevée en moyenne à un peu plus de 102 millions de bpj en 2023. Elle se stabilisera à près de 106 millions de bpj vers la fin de la décennie. «Malgré le ralentissement de la croissance, la demande mondiale de pétrole en 2030 devrait être plus élevée de 3,2 millions de bpj par rapport à 2023, à moins que des mesures politiques plus strictes ne soient mises en œuvre ou que des changements de comportement n’aient lieu», estime le groupe de réflexion sur l’énergie. L’AIE explique que cette hausse devrait être stimulée par les économies émergentes d’Asie telles que l’Inde, dont la consommation de pétrole pour les transports est en hausse, et par une utilisation accrue de kérosène et de matières premières par l’industrie pétrochimique en plein essor, notamment en Chine. En outre, la consommation de naphta, de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et d’éthane bondira de 3,7 millions de bpj entre 2023 et 2030, sous l’effet de l’utilisation accrue de GPL pour la cuisine propre. Toutefois, la demande de pétrole dans les pays développés devrait poursuivre son déclin, qui dure depuis des décennies, et passer de près de 46 millions de bpj en 2023 à moins de 43 millions en 2030. «Hormis pendant la pandémie, la dernière fois que la demande de pétrole des pays développés a été aussi faible, c’était en 1991», signale l’AIE. D’après le rapport, les producteurs qui ne font pas partie de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) mèneront l’expansion de la capacité de production mondiale nécessaire pour répondre à cette demande anticipée, principalement dans les économies émergentes, ce qui représentera les trois quarts de l’augmentation attendue d’ici à 2030. «À eux seuls, les États-Unis devraient contribuer à hauteur de 2,1 millions de bpj aux gains des pays non membres de l’Opep+, tandis que l’Argentine, le Brésil, le Canada et la Guyane apporteront une contribution supplémentaire de 2,7 millions de bpj.» Le rapport prévoit que lorsque le flux de projets approuvés se tarira, vers la fin de la décennie, la croissance de la capacité des principaux producteurs non-membres de l’Opep+ ralentira puis s’arrêtera», indique le rapport. «Toutefois, si les entreprises continuent d’approuver les projets supplémentaires déjà prévus, la capacité des pays non membres de l’Opep+ pourrait augmenter d’1,3 million de bpj d’ici à 2030.» Le rapport souligne que la capacité de raffinage mondiale devrait croître de 3,3 millions de bpj entre 2023 et 2030, ce qui est bien en deçà des tendances historiques. L’AIE estime que cette croissance devrait être suffisante pour répondre à la demande de produits pétroliers raffinés au cours de cette période compte tenu de la hausse simultanée de l’offre de combustibles non raffinés tels que les biocarburants et les liquides de gaz naturel.

K.B.

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