Les ministres du Pétrole et de l’Energie de plusieurs pays arabes, dont les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Irak et le Koweït, ont déclaré dimanche que l’Opep et ses alliés devraient s’en tenir à leur accord actuel d’une augmentation de la production de 400.000 barils par jour chaque mois.
Selon les Emirats arabes unis, ce sont les tensions géopolitiques qui font monter les prix du brut et non l’offre et la demande. Les prix du pétrole se stabilisaient, hier, soumis à des vents contraires, entre des tensions à leur comble autour de l’Ukraine et un accord sur le dossier nucléaire iranien qui serait imminent. Vers 10H20 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril était stable à 93,54 dollars. Selon l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen), les prix du brut ont été particulièrement volatils la semaine dernière, évoluant à la hausse comme à la baisse au gré des informations et des rumeurs d’invasion ou de retrait des forces russes à la frontière ukrainienne. Dans son dernier « tableau de bord » sur les marchés pétroliers, l’institut français de recherche rapporte que les craintes d’une escalade des tensions dans la crise russo-occidentale, d’une ampleur inédite depuis la fin de la guerre froide, ont poussé la cotation Argus Dated Brent au-dessus de 100 dollars le baril pour la première fois depuis septembre 2014 mercredi dernier, avant de retomber autour de 97 $/b le lendemain. Le prix du pétrole Russe (Urals) est en revanche en forte baisse avec une décote par rapport au Brent de plus de 5 dollars le baril (contre 1,1 dollar le baril en moyenne habituellement), signe que certaines compagnies préfèrent éviter d’acheter des barils de pétrole russe alors que les Etats-Unis menacent la Russie de sanctions financières sans précédent en cas d’invasion. En moyenne hebdomadaire, le Brent sur le marché à terme de Londres a progressé la semaine dernière de +2,1 dollars à 94,2 dollars et le WTI à New York de +2,1 dollars à 92,8 dollars. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg au 15 février 2022 prévoit un prix moyen de 77,4 $/b pour cette année, en hausse de 1 dollar le bari par rapport à la dernière estimation. Le prix basé sur les contrats à terme pour 2022 est de 86,8 dollars le baril. La structure du marché pétrolier en “backwardation”, continue de se raffermir dans un schéma haussier, avec un différentiel entre les deux prochains mois (Avril et Mai) qui a atteint 2,3 dollars le baril en milieu de semaine dernière. Selon le dernier rapport de l’AIE, les stocks de pétrole de l’OCDE (brut + produits) ont fortement diminué de 60 millions de baril par jours (1,9 million de baril par jour en décembre, sous l’effet d’une baisse significative des stocks de distillats dans toutes les régions. Les stocks sont désormais inférieurs de 355 millions de barils à ceux d’il y a un an et se situent à des niveaux historiquement bas en Asie et en Europe, suite à une augmentation de la demande due en partie à la hausse des prix du gaz qui a entraîné une consommation accrue de produits pétroliers pour la production d’électricité. « En utilisant un modèle simple corrélant le prix du pétrole brut avec le niveau des stocks pétroliers, on constate qu’avec le niveau actuel des stocks, le prix du Brent devrait être largement supérieur à 90 dollars le baril, ce qui est très proche des prix actuellement observés » estime l’Ifpen. « Cette analyse montre que la prime géopolitique liée à la situation en Ukraine est encore relativement faible à l’heure actuelle (de l’ordre de quelques dollars par baril) et que même si la situation avec la Russie venait à se normaliser, les prix du pétrole brut devraient rester élevés compte tenu de la hausse attendue de la demande et de la faiblesse des stocks » soutient l’institut de recherche français. Dans ce contexte, étant donné les difficultés de certains membres de l’OPEP à augmenter leur production et la volonté de l’Arabie Saoudite de ne pas augmenter sa production au-delà de ses objectifs, un accord sur le nucléaire iranien pourrait rapidement modifier l’équilibre du marché pétrolier. Cet accord serait « imminent » et pourrait être finalisé d’ici la fin du mois de février selon plusieurs déclarations faites dans la presse ce week-end. Si un accord est conclu sur la limitation des activités nucléaires de l’Iran, un allègement des sanctions sur les exportations de pétrole serait en principe accordé. Selon l’AIE, l’Iran s’est préparé à cette éventualité et devrait être en mesure de monter en puissance relativement rapidement une fois les sanctions allégées. D’ici la fin de l’année, la production de brut pourrait atteindre une capacité durable de 3,8 millions de barils (mb/j), soit une augmentation d’environ 1,3 mb/j par rapport aux niveaux actuels. L’Iran dispose également d’environ 80 millions de barils de pétrole brut et de condensat stockés sur des navires-citernes qui pourraient être vendus très rapidement.
Abdelkrim Salhi
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