Rencontre de la CAPC sur la relance économique : « Il faut construire des consensus »

« Il faut construire des consensus » a estimé, samedi, l’ancien ministre délégué de la prospective, le Professeur Mohamed Cherif Belmihoub à la clôture de la rencontre organisée par la Confédération algérienne du patronat citoyen (Capc) sur le thème « La relance c’est maintenant ».

Le professeur Mohamed Cherif Belmihoub souligne la nécessité de donner de l’espoir aux algériens. « Sans espoir, on ne peut pas mobiliser la population » estime l’ancien ministre délégué de la prospective. « Il faut que l’Etat se donne une ambition, une volonté de se transformer et une volonté de transformera l’Algérie » a-t-il ajouté.  Le professeur Mohamed Cherif Belmihoub a insisté sur l’urgence de s’affranchir de la situation « de faible compétitivité de l’économie algérienne ». Les participants à cette rencontre ont mis l’accent sur l’importance de réfléchir, avec   l’ensemble des acteurs concernés, à innover et aller vers de nouveaux systèmes et produits financiers, pour lutter contre l’économie informelle, qui couvre une “manne financière terrible”. Ils ont, mis en avant aussi, la nécessité de restaurer et rétablir la confiance entre le système bancaire et les commerçants dans l’ensemble des   secteurs d’activité, et réduire la fracture qui sépare ces derniers avec l’administration fiscale. La directrice générale de la société Incosyn et vice-présidente de la Capc, Nacira Haddad, a déploré que “l’informel c’est le fléau auquel fait face le chef d’entreprise, qui exerce dans l’économie formelle, dans son quotidien”. Elle a évoqué une “inertie” qui empêche de “débloquer cette situation et à amorcer réellement la voie de la croissance”. Mme Haddad a estimé que “cette inertie, c’est le nid de l’informel qui sévit de plus en plus, parce que l’Etat met régulièrement des lois, mais leur application fait défaut”, en s’interrogeant sur les raisons de cet état de fait. “Le poids du régime fiscal est un des leviers sur lequel nous devons absolument agir pour pouvoir résorber cet informel. La volonté politique est déterminante aussi, il faut qu’elle devienne une réalité”, a-t-elle dit. Pour sa part, le directeur général de la Banque nationale d’Algérie (Bna), Mohamed Lamine Lebbou, a souligné que “l’inclusion financière, qui est un levier au service d’une croissance économique inclusive en Algérie, et du passage d’une économie informelle vers une économie formelle, ne relève pas forcément de la responsabilité des banques”, tout en reconnaissant l’existence d’une “crise de confiance” entre le système bancaire et les commerçants. Pour lui, pour pallier à cette situation, il y a lieu de “renforcer et améliorer les infrastructures financières, d’assurer la protection financière des consommateurs, ainsi que leur éducation et sensibilisation financières”, en précisant aussi que “la digitalisation du système bancaire est un accélérateur de l’inclusion financière”. Concernant la place de l’Algérie selon les tendances du numérique dans le monde, le président du syndicat national du Patronat citoyen du numérique, Souheil Guessoum, a indiqué que “la plupart de nos entreprises se situent encore au niveau des infrastructures manuelles non coordonnées”. Pour lui, l’usage du numérique dans les entreprises algériennes enregistre “une grande faiblesse”, liée directement au “manque d’exploitation des systèmes d’information”. Rappelant que les technologies de l’information et de la communication (TIC) “représentent entre 3 à 4% du PIB en Algérie, au moment où la moyenne mondiale est de 15,5%”, M. Guessoum a estimé que cette situation est due essentiellement à “une faible bande passante, une faible interconnexion entre les services, une surtaxation des produits informatiques et une trop   forte régulation”. Il a, toutefois, cité quelques domaines où l’Algérie pourrait exceller, citant notamment “l’exportation des services et des logiciels et les centres d’appel”. Dans ce cadre, M. Guessoum a lancé un appel pour la création d’une école nationale de cybersécurité, et une autre pour “exploiter la ressource humaine compétente en la matière et la laisser travailler et innover”. “Nous devons faire en sorte que les systèmes d’information et le numérique soient la base de notre développement, et nous le pouvons”, a-t-il souligné, concluant : “s’il n’y a pas de numérique, il n’y a pas de développement”. Dans le même contexte, le directeur général de l’Agence national du développement de l’investissement (Andi), Mustapha Zikara, a indiqué qu’”il n’y aura pas de lutte réelle contre l’informel si on ne passe pas vers le numérique”, déplorant que le rythme de l’introduction du numérique soit “très lent”. M. Zikara a appelé à l’adoption de “mesures urgentes et rapides” pour éliminer le marché de l’informel dont la lutte a été, jusque-là, « défaillante” par ce que, selon lui, “l’informel est un phénomène banalisé   dans la société algérienne” en dépit de l’existence de tout un arsenal   juridique pour le contrecarrer. Il a, aussi, appelé à adapter le système fiscal national à la réalité économique du pays, et à familiariser le commerçant avec ce système.

Abdelkrim Salhi  

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