Transformation numérique : L’Algérie doit créer son propre modèle de technologie financière

L’Algérie fait face au défi de créer son propre modèle de technologie financière (fintech), a indiqué à Alger le ministre de la Numérisation et des Statistiques Hocine Cherhabil, appelant à cet effet au recours aux expériences et compétences locales.

 Dans une allocution prononcée lors des travaux de Sommet de la fintech et de l’e-commerce, M. Cherhabil a souligné l’intérêt pour l’Algérie d’œuvrer à inventer son propre système de fintech, en s’appuyant sur la contribution active des acteurs locaux du secteur. Pour créer ce modèle, il faut réussir le passage d’un système bancaire classique traditionnel à la fintech, tout en valorisant le taux de pénétration élevé d’internet en Algérie grâce à sa population jeune, de plus en plus connectée. Dans ce sillage, le ministre a cité les atouts de l’écosystème national de la finance et du numérique, dont les entreprises Algérie- poste et Algérie Télécom constituent le moteur car proposant des services de plus en plus numérisés pour réussir cette transformation. Il a aussi évoqué le rôle de la loi sur la monnaie et le crédit dans la création d’un modèle algérien de fintech, en ouvrant de nouvelles perspectives aux opérateurs de cette filière prometteuse. Le ministre a proposé l’idée d’une expérience pilote d’un espace de commerce et de services « sans monnaie fiduciaires”, afin de pouvoir évaluer les défis inhérents à cette transformation numérique au profit de la fintech en Algérie. Pour sa part le ministre de l’Economie de la Connaissance et des Startups, Yacine El Mehdi Oualid, a souligné lors d’un point de presse les avantages que va apporter la future loi sur la monnaie et le crédit dans le cadre du soutien à la transformation numérique du système financier national. Dans ce cadre, il a mis en exergue les incitations de cette loi qui permettra, entre autres, de créer des banques numériques et une monnaie digitale. La première édition du Sommet de la fintech et de l’e-commerce en Algérie qui se tiendra jusqu’à dimanche au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal (CIC, Alger), est organisée par la startup « Guidini », en partenariat avec le Groupement algérien des acteurs du numérique « GAAN » et le Groupement d’intérêt économique « GIE-Monétique », sous le parrainage le ministre de l’Economie de la Connaissance, des Startups et des Micro-entreprises, le ministre de la Numérisation et des Statistiques et du ministre de la Poste et des Télécommunications.

Le rôle de la fintech dans l’inclusion financière souligné

Le rôle de la technologie financière « fintech » dans le développement de l’inclusion financière en Algérie a été souligné, à Alger, par plusieurs experts participant à la première édition du Sommet de la fintech et de l’e-commerce. La fintech contribue de manière « incontestable » à la bancarisation des ressources qui se trouvent hors du circuit formel, à travers notamment l’intégration par les banques des différentes solutions numériques proposées par les startups du secteur, se sont accordés plusieurs spécialistes de la finance et du numérique, lors d’un panel organisé dans le cadre du sommet « Algeria fintech summit & e-commerce summit », qui se tient jusqu’à dimanche au Centre international de conférences (CIC). Dans ce sens, le consultant dans le numérique, Idir Saci, a estimé que « les banques doivent intégrer les solutions numériques et collaborer davantage avec les startups, car l’inclusion financière doit passer par ces jeunes pousses ». Selon lui, « la loi sur la monnaie et le crédit va ouvrir la voie plus largement aux startups, ce qui du grand intérêt accordé par les autorités publiques au développement de la fintech comme facteur d’inclusion financière ». De son côté l’expert en finances, Rachid Sekkak, a souligné que « la lutte contre la désinclusion financière passe par le développement du paiement électronique et le digital banking ainsi que les produits d’incitation à l’épargne ». « Les startups et la fintech ont une contribution à apporter dans ce cadre », a-t-il affirmé. Les solutions digitales devraient permettre aux banques d’attirer sensiblement les capitaux du secteur informel, a abondé l’enseignant à l’Ecole supérieure de banque (ESB), Mohamed Krim. « La fintech doit être intégrée par les banques. Il est donc nécessaire pour celles-ci d’investir dans ces technologies notamment à travers la participation au capital des startups », a-t-il soutenu. L’expert en finance islamique, Mostefa Zerouali, a affirmé, quant à lui, que la digitalisation de la finance va aider à lutter contre les anciens fléaux liés à l’économie parallèle. « Il y a la volonté politique, la jeunesse innovante et de nouveaux outils pour rattraper le retard de la digitalisation bancaire devant contribuer à lutter contre l’exclusion financière », a fait observer M. Zerouali, plaidant en faveur d’une inclusion globale, notamment celle géographique en impliquant les citoyens à travers l’ensemble du territoire national. Les participants à ce panel ont mis en exergue, en outre, l’intérêt de mener des campagnes destinées à vulgariser auprès des citoyens les outils et pratiques de la fintech ainsi que les risques qui y sont liés.

T.A.

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