Des centaines d’entreprises du BTPH sont mises à mal par la crise sanitaire

L’AGEA tire la sonnette d’alarme

L’association patronale évoque la fermeture de 5 700 entreprises au total. 250 000 ouvriers ont été licencies. 1 500 sociétés membres de l’AGEA ont cessé ou changé d’activité. Le président de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, a appelé samedi à Alger à la création d’un observatoire national des entreprises algériennes qui aura pour rôle de formuler des propositions et de fournir à l’Etat des outils de travail lui permettant d’aider les entreprises en difficulté.

Par Abdelkrim Salhi

 La création de cet observatoire constitue une « urgence » afin de lever le « flou qui entoure la situation des entreprises algériennes depuis déjà quelques années », a affirmé M. Kheloufi lors d’une conférence de presse animée au siège de l’AGEA. Plaidant pour le rattachement de cette instance au président de la République, M. Kheloufi a estimé que « seul le Président est en mesure de faire quelque chose pour la relance des entreprises ». Cet observatoire sera en charge d' »établir des rapports mensuels par secteur, afin de ne pas laisser la situation s’envenimer » et permettre « aux gens de terrain d’agir », a précisé le président de l’AGEA. Ce dernier a dressé un tableau noir de la situation du secteur du bâtiments, travaux publics et hydraulique (BTPH). 780 entreprises adhérentes à l’AGEA ont cessé leurs activités, « faute de plan de charges et de non-signature des différents avenants, ainsi que les différents retards de paiement des situations des années 2018-2019 » relève l’organisation patronale, dans une lettre au président de la République. Citant les statistiques du Centre national du registre du commerce, l’AGEA évoque la fermeture de 5 700 entreprises au total. 1 500 sociétés, membres de l’Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), ont cessé ou changé d’activité a indiqué Mouloud Kheloufi. Selon ce dernier 250 000 ouvriers ont été licencies. « Certaines entreprises encore en activité bricolent en noire, avec une dizaine de salariés non déclarés » affirme le président de l’Agea. L’association patronale qui a tenu, la semaine dernière, son assemblée générale ordinaire, après avoir procédé, depuis le mois d’avril 2019, à la fermeture de l’ensemble de ses structures en raison des décisions prises par les pouvoirs publics pour faire face à la pandémie de Covid-19 et limiter sa propagation, a mis en place deux commissions. La première est chargée de faire un état des lieux de la situation des entreprises du BTPH. La deuxième devrait établir un plan de charge de l’année 2022. Le président de l’AGEA a déploré à l’occasion l’absence de « textes d’application des lois qui permettent de concrétiser des décisions prises depuis plusieurs années », citant notamment la convention sur le partenariat public-privé qui avait été signée avec le Conseil national économique et social (CNES) en 2018, et qui n’a pas pu être appliquée « faute de textes d’application ». M. Kheloufi a mis l’accent, à ce propos, sur la nécessité d’assainir la situation des entreprises ayant des contentieux avec les services des ministères des Finances et du Travail, y compris les entreprises qui avaient mis la clé sous la porte, afin que le secteur reparte sur de « bonnes bases ». Il a indiqué, dans ce sens, que certaines entreprises ont fermé en raison de problèmes de recouvrement de leurs créances, d’autres pour cause d’absence de plans de charge, alors que certaines ont préféré résilier leurs contrats pour ne pas devoir payer des pénalités de retard sur le non-respect des délais de réalisation. Il a révélé, en outre, qu’elles étaient au nombre de 1.700 en 2018 et que seuls 25 adhérents se sont acquittés de leur cotisation pour l’exercice en cours. Le responsable de l’AGEA a espéré, par ailleurs, que « la prochaine loi de Finances complémentaire pour l’année 2021 pourra amener du positif et être une sorte de bouée de sauvetage pour les entreprises algériennes ». L’association patronale plaide, également, pour l’annulation pure et simple de la short-list des entreprises accédant aux projets et de revenir au code des marchés publics, avec la préférence de 25% pour les entreprises locales. L’Agea est convaincue que “l’annulation de la short-list, qui a vu ses limites, permettrait aux entreprises algériennes de bénéficier des marchés publics et, par conséquent, d’assurer leur survie, vu la situation actuelle du pays”.

A.S.

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