Gaz : L’Espagne « rassurée » par les engagements pris par l’Algérie quant aux livraisons gazières

L’Espagne est rassurée quant à son approvisionnement continu en gaz naturel suite aux engagements de l’Algérie qui a pris la décision du non renouvellement du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui la reliait à l’Espagne via le Maroc, a assuré la ministre espagnole de la Transition écologique et du Défi démographique, Mme Teresa Ribera Rodriguez.

« Les autorités algériennes se sont engagées à offrir plus de gaz à l’Espagne si le pays en a besoin », a déclaré lundi la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Mme Rodriguez, dans une interview accordée à la chaîne de télévision espagnole TVE. Mme Rodriguez a ajouté que « l’Espagne avait constitué un stock des réserves de gaz équivalant à 43 jours de consommation » lui permettant de faire face à d’éventuels besoins urgents. La ministre avait effectué le 27 octobre dernier une visite de travail en Algérie au cours de laquelle elle s’était entretenue avec le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab ainsi que le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Benattou Ziane. Les déclarations de la vice-présidente du gouvernement espagnol interviennent au lendemain de la décision du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, ordonnant à la Sonatrach de rompre ses relations commerciales avec l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), mettant fin au contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l’Espagne en passant par le Maroc. Dans ce cadre, l’Algérie continuera à honorer ses engagements avec son partenaire espagnol, à travers le gazoduc Medgaz et l’utilisation de méthaniers. L’arrêt de l’exploitation du GME, qui acheminait le gaz des champs de Hassi R’mel vers l’Espagne, n’aura pas d’incidence sur les volumes destinés à la péninsule ibérique grâce à l’augmentation des capacités de production du Medgaz reliant BéniSaf (Ain Témouchent) à Almeria en Espagne, qui passeront de 8 à 10,5 milliards m3 par an avant la fin de l’année.

Exportation de gaz vers l’Espagne exclusivement via Medgaz : l’Algérie techniquement capable

L’Algérie est capable, sur le plan technique, de garantir, dès ce lundi, la totalité de ses livraisons gazières vers l’Espagne via le gazoduc Medgaz et les méthaniers, après la décision du non renouvellement du contrat du GME, reliant les deux pays via le Maroc, qui a expiré dimanche à minuit, a indiqué l’expert énergétique et ancien ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar. « Le Medgaz peut prendre en charge toutes les livraisons grâce au renforcement prévu des capacités à 10,5 milliards m3 par an, mais en compensant le différentiel par des livraisons en GNL », a souligné M. Attar dans un entretien à l’APS. En effet, le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) avait une capacité d’environ 13 milliards de mètres cubes (m3) par an. Mais depuis quelques années, il était exploité avec un volume annuel qui ne dépassait pas les 4 à 6 milliards m3/an, tandis que Medgaz acheminait 8,5 milliards m3 par an. Ces volumes de gaz, en dehors des fournitures au Maroc d’environ 600 à 800 millions m3 par an, étaient acheminés aux marchés espagnol et portugais. L’expert rassure ainsi de la capacité de la partie algérienne à prendre en charge toutes ces quantités, à travers Medgaz et en recourant aux GNL. « C’est ce que les autorités algériennes ont déclaré pour rassurer les marchés espagnol et portugais et il n’y a aucune raison d’en douter », a-t-il indiqué. M. Attar souligne, dans ce sens, que Sonatrach et ses clients étaient « certainement » en train de travailler sur des solutions pour faire face aux défis relatifs à l’augmentation de la demande en hiver qui pourrait dépasser les capacités journalières du Medgaz, et à la disponibilité des méthaniers nécessaires pour le GNL et celle de capacités de regazéification sur les côtes espagnoles. Toutefois, Sonatrach doit, à moyen et long terme, « se battre et gérer parfaitement cette situation en vue de protéger son marché espagnol et portugais par rapport à la compétition avec d’autres fournisseurs qui guettent aussi ce marché ». S’agissant de l’abandon du GME, M. Attar a fait observer que « ce gazoduc a certes été réalisé dans un but commercial pour exporter une ressource vers un marché, mais aussi dans le but de consolider et renforcer les liens régionaux et construire le Maghreb uni ». « Je ne pense pas que l’Algérie ait pu faillir, à un moment quelconque, dans la construction de celui-ci et ce qui arrive aujourd’hui n’est pas de sa faute… », a-t-il soutenu.

A.S.

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