Gouvernance des banques publiques : Les administrateurs indépendants peuvent jouer un rôle clé

Les administrateurs indépendants peuvent jouer un rôle clé dans le bon fonctionnement des conseils d’administration des banques publiques algériennes à travers leur indépendance et leur objectivité. C’est une des conclusions de l’étude réalisée par Fares Talhaoui et Khaled Azzaoui, d’École Supérieure de Commerce de Kolea.

Par Abdelkrim Salhi 

« Ceci est un élément essentiel pour la sauvegarde des intérêts de la banque et pour l’amélioration de la performance » estiment les auteurs de l’étude, intitulée « gouvernance et performance bancaire, quelles relations ? Application au secteur bancaire algérien », publiée dans La revue « Les cahiers du CREAD ». Fares Talhaoui et Khaled Azzaoui ont essayé, à travers cette étude d’examiner le lien entre les mécanismes de gouvernance et la performance financière pour le cas des banques algériennes. L’étude a porté sur un échantillon composé de 12 banques commerciales algériennes (6 banques publiques et 6 banques privées) sur une période de 13 années (2007 à 2019). Les auteurs de l’étude ont analysé à l’aide de l’économétrie des données de panel, la relation qui pourrait exister entre les différentes variables de gouvernance, à savoir : les caractéristiques du conseil d’administration (CA), la concentration du capital et la réglementation des fonds propres sur la performance bancaire. « Nos résultats montrent que, seulement les variables relatives à l’indépendance des administrateurs, aux nombres de réunions du CA, à la structure de propriété et à la solvabilité bancaire ont un impact significatif sur la performance, les autres étant non significatives » souligne les deux universitaires. Ces derniers recommandent fortement « qu’au moins un tiers du CA soient des membres indépendants, choisis pour leurs expériences, compétences et leurs connaissances techniques en matière d’affaires bancaires ». L’efficacité du conseil d’administration (CA) en tant que mécanisme de contrôle interne, précise l’étude, n’est pas centrée uniquement sur la fréquence de ses réunions, mais également sur la qualité et la mise en œuvre des décisions prises lors de ces réunions. L’étude estime également que l’ouverture d’une fraction du capital de certaines banques publiques peut constituer une source importante d’efficacité pour ces dernières. « Ainsi, une telle mesure peut avoir un double avantage pour notre économie » soutiennent les deux universitaires. En effet, affirment-ils, « en plus de constituer un moyen de compétitivité et de développement pour nos banques, l’ouverture du capital des banques publiques va permettre la dynamisation du marché financier jugé inefficient ». Par ailleurs, des exigences élevées de fonds propres devraient contraindre les banques à prendre des décisions à risques excessifs, ce qui va leur permettra de faire face aux différents risques relatifs à leurs activités et d’éviter ainsi l’avènement d’une crise. En Algérie, indiquent les auteurs de l’étude, et à l’instar des pays en développement, cette thématique de la gouvernance des banques suscite un intérêt croissant ; cela revient au rôle important que jouent ces dernières dans le développement de l’économie nationale, à travers les deux principales activités : la collecte des dépôts et l’allocation des crédits. L’intermédiation bancaire en Algérie demeure toujours la principale modalité de financement de l’économie, surtout en l’absence d’un marché financier développé. Le marché financier ne joue qu’un rôle minime dans l’économie algérienne.  Ainsi, le groupe des banques publiques algériennes est le pôle le plus important du système financier. « De ce fait, le renforcement du dispositif juridique, par de nouvelles lois et des moyens nécessaires en matière de gouvernance, demeure incontournable » estiment les deux universitaires.

A.S.

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