La place des compétences transversales dans la formation des ingénieurs en Algérie : L’environnement dans les écoles n’est pas vraiment capacitant

Le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) a publié, récemment, une intéressante étude sur la place des compétences transversales dans la formation des ingénieurs. Réalisée par Mohamed Benguerna, Directeur de recherche au Cread, Lydia Djennadi.

  Doctorante en cotutelle entre l’Ecole nationale supérieure de management et Linda Gardelle, Enseignante-chercheure à l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées (Bretagne), l’étude montre que les écoles introduisent des compétences transversales afin de former des ingénieurs généralistes, mais leur pourcentage reste faible et leur présence timide. Basée sur une enquête qualitative menée entre 2018 et 2020 et constituée de l’analyse des curricula et d’une campagne d’entretiens avec des enseignants et des responsables pédagogiques dans trois écoles d’ingénieurs algériennes, l’école nationale polytechnique d’Alger (ENP), l’école nationale supérieure d’informatique (ESI) et l’école nationale supérieure agronomique (ENSA), l’étude fait ressortir que l’environnement dans les écoles n’est pas vraiment capacitant. Elle met en lumière le problème du manque de moyens (humains et financiers) dans les écoles d’ingénieurs algériennes pour pleinement atteindre les ambitions de formation exprimées. Les trois Chercheurs font remarquer que les compétences transversales proposées dans les trois écoles ont une présence timide. Les programmes de formation laissent supposer que les écoles favorisent un enseignement strictement technique ce qui rejoint ce qu’a constaté Mohamed Benguerna en 2011. Les résultats de l’étude pointent les enjeux pédagogiques et de gouvernance des écoles d’ingénieurs, qui montrent une nette volonté des enseignants d’améliorer qualitativement les formations, mais celle-ci se heurte là aussi au manque de soutien institutionnel, à la faiblesse des moyens et aux blocages culturels liés au manque de ponts entre les sciences humaines et sociales et les matières techniques. « Ce qui ressort nettement des entretiens réalisés avec les enseignants, est que la qualité des conditions d’enseignement est insuffisante pour pouvoir assurer une qualité de formation optimale sur les compétences transversales » relèvent les trois chercheurs. «Ils déplorent que les besoins primaires des élèves et des enseignants ne sont pas toujours couverts et que les enseignants ne sont pas accompagnés à hauteur de leurs besoins dans l’exercice de leurs activités (manque de moyens financiers, manque de soutien administratif, manque d’accompagnement organisationnel…) » ajoutent-ils. Des initiatives pédagogiques sont réalisées, les objectifs que se fixent les enseignants et les responsables pédagogiques sont ambitieux, les programmes sont le fruit d’une réflexion collective basée sur une volonté de former de très bons ingénieurs, en veillant à adapter les formations aux besoins des entreprises et à l’avancée de la science. Mais l’objectif de développer pleinement les compétences transversales des étudiants requiert un investissement très important sur le plan pédagogique, en termes d’organisation et d’ingénierie pédagogique, que les enseignants ne se disent pas en condition d’opérer.

T.A.

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