Le Cread publie un numéro spécial à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance : Repenser le modèle de développement économique et social

Après soixante-ans d’indépendance, l’Algérie se retrouve face à des défis et des enjeux géopolitiques, économiques, sociaux, technologiques et environnementaux majeures. Ce qui incite à repenser le modèle de développement économique et social au-delà des hydrocarbures pour une croissance économique durable relève des chercheurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) dans un numéro spécial publié à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

Par Abdelkrim Salhi

 Le numéro spécial, intitulé « transformations structurelles, diversification économique et exigences pour une croissance durable », se propose d’offrir aux chercheurs en sciences sociales de revenir sur ce passé récent de l’histoire de l’Algérie, d’en tirer les enseignements et surtout de contribuer à la réflexion prospective quant aux approches à envisager pour faire face à ces défis. Dans l’introduction de l’ouvrage, les chercheurs du Cread) font remarquer que Différents choix d’approches de développement économique ont été faits depuis l’indépendance du pays visant à mieux le positionner dans l’économie mondiale et régionale. Elles se sont traduites par de multiples réformes structurelles et des programmes d’action et d’investissement, qui ont concerné l’ensemble des secteurs économiques. Toutefois, indiquent les chercheurs du Cread, les ressources générées par les exportations d’hydrocarbures, source quasi-exclusive des revenus extérieures de l’Algérie, ont constitué le pilier de la politique économique et sociale. Tout le long, les choix ont été chaque fois imposés par les circonstances particulières du moment. Après avoir obéi aux principes d’une économie dirigée au lendemain de l’indépendance, l’Algérie a été marquée par une réorientation, avec l’adoption des réformes à caractère libéral. L’endettement dans les années 82 et l’adoption du plan d’ajustement structurel en 1994 ont inscrit le pays dans un processus de libéralisation, voire une période de transition économique qui a duré près de trente-ans. Aujourd’hui, relèvent –ils, « l’Algérie se retrouve face à des défis et des enjeux géopolitiques, économiques, sociaux, technologiques et environnementaux (changement climatique) majeures. Ce qui incite à repenser le modèle de développement économique et social au-delà des hydrocarbures pour une croissance économique durable, notamment après la crise économique de 2014, accentuée par la crise sanitaire de la Covid 19. « Le progrès d’une nation se mesure certes par son niveau de croissance, mais aussi par le recul des inégalités sociales au sein de sa population » estiment les chercheurs du Cread.  L’Algérie a préservé son caractère social depuis l’indépendance, néanmoins la persistance des inégalités sociales, la problématique de la rationalisation des dépenses publiques et le ciblage des aides représentent toujours les entraves d’une politique sociale équitable. Pour les chercheurs du Cread, Repenser le modèle de développement économique et social au-delà des hydrocarbures devient, dans ce contexte d’incertitude, une question de souveraineté économique. Cette problématique complexe est abordée par les auteurs du numéro spécial, à travers une analyse critique du passé récent de l’Algérie et une réflexion prospective pour une économie solide et des politiques sociales équitables.

L’importance de diversifier l’économie algérienne

Les contributions se convergent sur l’importance de diversifier l’économie algérienne et soutenir son intégration dans l’économie régionale et mondiale, comme principale solution pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, dynamiser la croissance économique et maintenir les politiques sociales. Cela passe, souligne-t-on, nécessairement par des réformes macro-structurelles, qui peuvent seules réduire la pression sur les politiques cycliques tout en améliorant la résilience de l’économie du pays. Les défis de la diversification et de l’intégration économique, se voient conditionner par l’environnement économique et institutionnel, mais aussi par le capital humain. L’implication en effet de l’université, par sa politique de formation et de recherche scientifique, dans la sphère économique est à la fois un moteur de croissance durable et fortement créateur d’emploi. La sécurité énergétique et la sécurité alimentaire représentent deux autres enjeux stratégiques dans la révision du modèle de développement. Assurer la transition énergétique devient un choix stratégique pour le pays, surtout avec la tendance baissière constatée en termes de production, la forte augmentation de la demande domestique en énergie et l’engagement environnemental de l’Algérie. La sécurité alimentaire s’impose de son côté face aux crises survenues d’une part et les changements climatiques, d’autre part. D’où la nécessité d’engager une transition vers un modèle d’agriculture durable, étant donné que les politiques agricoles n’intègrent que peu le risque climatique. « La réflexion sur le modèle de développement ne peut se garantir sans des politiques sociales équitables » ajoutent les chercheurs. L’Algérie a accordé depuis l’indépendance un intérêt particulier à la réduction des inégalités sociales, économiques et spatiales. Néanmoins, ces inégalités persistent malgré les efforts fournis. La rationalisation des dépenses publiques et le ciblage des politiques sociales, notamment en matière d’éducation et de santé, l’extension de la couverture sociale aux travailleurs informels à travers des réformes systémiques, la réduction des inégalités salariales et l´inclusion sociétale des jeunes en quête d´un rôle d´acteur dans la société, constituent des éléments importants pour assurer l’équité sociale. Repenser le modèle de développement économique et social en Algérie passe aussi par l’instauration de la bonne gouvernance par la promotion de la transparence et de la responsabilité, et la formulation de politiques et de programmes axés sur l’appropriation et les résultats.

A.S.

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