Le prix du Brent repassant sous la barre des 100 dollars le baril : Baisse des tensions sur l’offre de pétrole

Les cours du pétrole brut ont fortement baissé la semaine dernière, le prix du Brent repassant sous la barre des 100 dollars le baril pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine relève l’Ifp Energies Nouvelles (Ifpen), dans son dernier tableau de bord sur les marchés pétroliers.

Par Abdelkrim Salhi

 En moyenne hebdomadaire, le Brent sur le marché à terme de Londres a perdu 9,4 dollars le baril (-8,8%) à 97,3 dollars le baril et le WTI à New York a perdu 5,5 dollars le baril (-5,7%) à 91,3 dollars le baril. « Alors que le marché reste en backwardation, une tendance haussière dans laquelle les prix à court terme s’échangent au-dessus des prix à plus long terme, la différence de prix entre les deux contrats les plus proches est tombée à 1,8 dollar le baril contre plus de 5,2 dollars le baril en juillet, ce qui semble indiquer un apaisement des tensions sur le marché pétrolier » analyse l’Institut de recherche français.  « Cette situation s’explique en partie par le ralentissement économique mondial, qui laisse présager une baisse de la demande de pétrole, et par une augmentation progressive de la production mondiale de pétrole brut » estime-t-il. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg au 4 août est stable avec un prix médian du Brent en 2022 à 106,2 dollars le baril et un prix à terme de 102,4 dollars le baril. L’Ifpen rappelle que dans son dernier rapport publié fin juillet, le FMI constate que la situation économique mondiale est de plus en plus sombre. La production mondiale s’est contractée au deuxième trimestre de cette année, en raison du ralentissement de l’activité en Chine et en Russie, tandis que les dépenses de consommation aux États-Unis ont été inférieures aux attentes. Dans ce contexte, le FMI a revu à la baisse ses chiffres de croissance du PIB mondial pour 2022, à 3,2% contre 3,6% en avril dernier (-0,4 point). Pour 2023, l’activité devrait progresser de 2,9 % contre 3,6 % (-0,7 point). Si le dynamisme du marché du travail dans les principales économies européennes et aux États-Unis soutient jusqu’à présent la croissance, le FMI liste un certain nombre de facteurs qui pourraient avoir un impact négatif sur les performances économiques mondiales, notamment la réduction drastique des exportations russes de combustibles fossiles (principalement du gaz), la hausse continue de l’inflation et le durcissement des conditions financières qui accroissent la dette publique. Dans un scénario alternatif considéré comme plausible dans lequel ces risques se matérialisent, la croissance mondiale tomberait à environ 2,6 % et 2 % en 2022 et 2023, respectivement.

La balance pétrolière mondiale devrait se resserrer à partir du second semestre 2023

La semaine dernière, l’OPEP et ses partenaires ont convenu d’augmenter leur production de pétrole de 0,1 million de barils par jour (mb/j) en septembre. « Cette très faible augmentation du quota de production s’explique par une gestion très prudente de la capacité de réserve de l’OPEP compte tenu des incertitudes sur l’évolution du marché pétrolier » indique l’Ifpen. Actuellement, selon l’institut de recherche français, seuls l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis disposent d’une capacité de réserve significative de 1,6 et 1,0 mb/j respectivement. Le mois prochain, la production saoudienne de brut devrait dépasser 11 mb/j, un niveau mensuel qu’elle n’a atteint que deux fois auparavant. Ce taux élevé de production réduirait de fait sa capacité de réserve à 1,2 mb/j, selon l’AIE. Quant aux autres membres de l’alliance, leur capacité à augmenter leur production reste limitée, le sous-investissement chronique dans le secteur pétrolier de ces dernières années ayant complétement réduit leur capacité excédentaire. Selon Bloomberg, la production OPEP en juillet a augmenté de 0,27 mb/j à 29,05 mb/j.  Globalement, selon l’AIE, l’EIA et l’OPEP, la balance pétrolière mondiale (différence entre l’offre et la demande) devrait rester positive en 2022 et se resserrer à partir du second semestre 2023. Au-delà de l’augmentation de la production de l’OPEP et des autres pays (Etats-Unis), la relative détente sur l’offre au second semestre de cette année s’explique également par la résistance des exportations de pétrole russe malgré l’embargo. Selon les dernières données du consultant Vortexa, les exportations russes de brut par voie maritime en juillet se sont élevées à 3,3 mb/j, en baisse de 0,22 mb/j. La Chine et l’Inde restent les principaux marchés pour le brut russe avec des importations de 1,06 mb/j et 0,91 mb/j respectivement. L’Europe aurait importé environ 1,9 mb/j de brut russe (par voie maritime), en légère baisse de 0,15 mb/j. Cette bonne résistance des exportations russes s’explique à la fois par l’utilisation par la Russie de différents canaux de commercialisation (recours à des sociétés de trading et d’assurance indiennes, chinoises, russes, etc.) mais aussi par une modification de certaines restrictions européennes en matière de coopération avec les entreprises publiques russes, compte tenu de la situation économique mondiale.

A.S.

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