Les cours du pétrole ont repris des couleurs, lundi, après un plus bas d’un an et demi pour le Brent, vendredi, grâce à un rebond technique et l’effet d’une tempête dans le Golfe du Mexique. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a engrangé 1,09%, pour clôturer à 71,84 dollars.
Par Abdelkrim Salhi
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain avec échéance en octobre a lui pris 1,54%, à 68,71 dollars. Vendredi dernier, le Brent avait frôlé le seuil symbolique des 70 dollars, en-dessous duquel il n’est plus descendu depuis 33 mois. “Après le gros mouvement de vente, le marché essaye de se reprendre”, a commenté Phil Flynn, de Price Futures Group. “Mais ce n’est encore qu’une tentative.” “L’humeur morose qui régnait sur les marchés s’est atténuée”, a observé, dans une note, Susannah Streeter, d’Hargreaves Lansdown. “L’appréhension d’un décrochage marqué de l’économie mondiale diminue.” Les prix du pétrole brut ont fortement chuté la semaine dernière, avec le Brent clôturant vendredi à 71 dollars le baril ($/b), son niveau le plus bas depuis décembre 2021, a constaté l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen), dans son dernier « tableau de bord », sur les marchés pétroliers, publié lundi. « Cette baisse s’explique par la publication de données macroéconomiques décevantes aux États-Unis et en Chine, ravivant les inquiétudes concernant la demande de pétrole », indique l’institut de recherche français. Selon ce dernier, « la décision de l’OPEP + de prolonger les réductions volontaires supplémentaires de production de deux mois n’aura finalement pas suffi à inverser la tendance face à la perspective d’une résolution prochaine du conflit en Libye et d’une reprise des exportations de pétrole ». La baisse a également été accentuée par l’action des gestionnaires de fonds sur les marchés à terme qui ont réduit leurs positions nettes longues sur le Brent et le WTI de 99 889 contrats combinés, pour atteindre 139 242, selon les données hebdomadaires des contrats à terme et options de l’ICE Futures Europe et de la CFTC, ce qui constitue le niveau le plus bas jamais enregistré. En moyenne hebdomadaire, les prix à terme du Brent ICE pour livraison en octobre ont chuté de 6,1 $/b (-7,7 %, soit la plus forte baisse hebdomadaire depuis octobre 2023), pour atteindre 73,5 $/b. De même, les prix du WTI ont reculé de 6,3 $/b (-8,4 %), s’établissant à 69,1 $/b. Selon le consensus des économistes interrogés par Bloomberg le 6 septembre, les prévisions de prix du Brent ont été revues à la baisse, à 84,0 $/b pour le troisième trimestre (-0,5 $/b) et à 82,6 $/b (-0,4 $/b) pour le quatrième trimestre. Dans un contexte de baisse des prix du brut, de faible croissance de la demande de pétrole et de la perspective d’une résolution rapide du conflit libyen, les 8 pays, (Arabie Saoudite, Russie, Irak, Émirats Arabes Unis, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman), qui s’étaient engagés à réduire volontairement leur production ont décidé la semaine dernière de repousser leurs plans. Initialement, les coupes de production unilatérales devaient être progressivement retirées, sur une base mensuelle, à hauteur de 180 à 200 000 b/j, entre le quatrième trimestre 2024 et le troisième trimestre 2025. Cependant, dans le contexte actuel d’un marché excédentaire et de la faiblesse de la demande, ces plans d’augmentation de l’offre ont été repoussés de deux mois. Les membres prévoient désormais de réintroduire progressivement 2,2 millions de barils par jours (Mb/j) à partir de décembre 2024 et ce, jusqu’en novembre 2025. Ces augmentations pourront toutefois être révisées en fonction des évolutions du marché. L’accord signé la semaine dernière inclut également un engagement fort de la part de l’Irak et du Kazakhstan à mettre en place des mesures concrètes pour se conformer aux niveaux de production exigés et respecter leurs calendriers de compensation pour août et septembre. Au final, la décision de l’OPEP+ de ralentir le rythme des augmentations permettra probablement de stabiliser les prix, plutôt que de provoquer une hausse immédiate du Brent à 80 $/b à court terme. « Selon Rystad, les investissements mondiaux dans l’amont pétrolier pour 2024 devraient augmenter de 1 % pour atteindre 620 milliards de dollars », fait savoir l’Ifpen. « Les investissements dans le pétrole de schiste devraient baisser de 10 % cette année, tandis que ceux dans l’offshore progresseraient d’environ 6 %. Les régions enregistrant la plus forte croissance des investissements dans le secteur amont pétrolier sont l’Afrique (+20 % grâce aux investissements au Nigeria, en Ouganda et en Libye) et l’Europe (+18 %, principalement en Norvège et au Royaume-Uni) », précise-t-il. Dans un scénario de demande de pétrole tendanciel, les investissements dans l’amont pétrolier devraient se stabiliser entre 620 et 660 milliards de dollars par an pour les prochaines années (2025-2030). Ce niveau d’investissement serait suffisant pour assurer le renouvellement des ressources, à condition que les prix du brut restent compris entre 70 et 80 $/b. En dessous de 60 $/b, 25 % des ajouts de ressources ne seraient plus rentables selon Rystad.
A. S.
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