Marchés pétroliers : Le prix porté par des perspectives jugées moins défavorables

Les cours du pétrole ont de nouveau brutalement reculé, mardi, écrasés par le ralentissement économique en Chine mais surtout par la perspective de plus en plus palpable d’un accord sur le nucléaire iranien, qui libérerait presque instantanément quelque 100 millions de barils.

Par Abdelkrim Salhi

Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre a fondu de 3,22%, pour terminer à 86,53 dollars, soit son plus bas niveau en clôture depuis le 25 janvier, soit quasiment sept mois. Quant au Brent de la mer du Nord, avec échéance en octobre, il a lui abandonné 2,90%, à 92,34 dollars, son plus faible niveau en clôture depuis début février. Dans son dernier tableau de bord sur les marchés pétrolier, l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen) a indiqué que, les prochains mois verront deux forces s’affronter : le niveau du ralentissement économique d’une part et l’effet des sanctions européennes sur la Russie d’autre part, dont les conséquences pour le prix du pétrole restent encore largement inconnues. Les dernières statistiques de l’AIE montrent une stabilité des exportations russes de pétrole et de produits pétroliers à hauteur de 7,4 millions de barils par jour (Mb/j) en juillet. Les sanctions occidentales n’ont donc toujours pas eu d’effet significatif sur la Russie. « Pour le marché pétrolier, la situation actuelle de stabilité des exportations russes permet de modérer la hausse du prix du pétrole » indique l’institut de recherche français. « La mise en œuvre des sanctions européennes d’ici janvier 2023 pour le pétrole (1,7 Mb/j importés en juillet) et mars pour les produits pétroliers (1,1 Mb/j) pourraient changer la donne. Tout dépendra de la capacité des Russes à réexporter ces volumes vers de nouveaux marchés » analyse l’Ifpen. L’AIE a revu ses prévisions de la demande mondiale de pétrole à la hausse, de +0,5 Mb/j en 2022 et 2023 compte tenu de la moindre compétitivité du gaz naturel. L’OPEP, qui fait le même constat, a néanmoins révisé à la baisse la demande pour 2022 (- 0,26 Mb/j). Au-delà de ces différences, Il convient de noter le niveau historiquement très élevé de la demande mondiale, estimée entre 103 et 105 Mb/j au 4e trimestre 2023. L’OPEP, comme l’AIE, prévoit une progression significative de l’offre des non OPEP en 2022 et 2023, mais avec un écart lié à des anticipations assez différentes de la production russe.   Concernant la production OPEP, le niveau actuel semble suffisant pour équilibrer le marché jusqu’au 1er semestre 2023, ce qui peut justifier la décision OPEP du mois d’août de ne pas renforcer sensiblement son offre. Cette situation explique la relative détente des prix du pétrole observé depuis début juin. Par ailleurs, Les dernières statistiques de l’EIA (Energie Information Administration), publiées le 10 août pour la semaine du 5 août, ont mis en évidence une hausse des stocks de brut et de distillats aux États-Unis de 5,5 Mb et de 2,2 Mb respectivement, évolution favorable à une baisse des prix du pétrole. Mais, dans le même temps, les stocks d’essence ont chuté de 5 Mb, baisse interprétée comme un indice d’une reprise de la demande. La production de pétrole aux Etats-Unis a par ailleurs augmenté de 0,1 Mb/j, à 12,2 Mb/j, soit le niveau le plus élevé depuis avril 2020. L’EIA anticipe désormais une production de 12,7 Mb/j en 2023, en retrait de 0,1 Mb/j par rapport à ce qui était annoncé un mois auparavant. En tenant compte des LGN, le gain atteint toutefois 1,2 Mb/j par rapport à 2022 ce qui représente 60 % de la progression attendue de l’offre des non OPEP+. Cela souligne l’importance des Etats-Unis pour l’équilibre pétrolier mondial.

A.S.

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