Marchés pétroliers : Les prévisions de l’AIE font monter le prix

Après la publication du rapport mensuel de l’AIE, confirmant la bonne reprise de la demande mondiale de pétrole, les cours du brut ont fortement progressé la semaine dernière relève l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen) dans « tableau de bord » sur les marchés pétroliers, publié hier.

Par Abdelkrim Salhi

 En moyenne hebdomadaire, constate-t-il, le Brent sur le marché à terme de Londres a gagné +1,4 dollars le baril (+2,0 %) pour atteindre 72,2 dollars le baril. « L’optimisme de l’AIE s’est propagé sur l’ensemble des marchés : sur le marché physique, le Brent spot a pris + 1,9% à 71,7 dollars le baril et sur les marchés financiers, les hedge funds ont largement investi à la hausse, les positions longues nettes des acteurs non commerciaux sur les contrats à terme Brent et WTI ayant augmenté de +8%, soit la plus forte hausse depuis le début de l’année » affirme l’institut de recherche français. Ce dernier indique que Les économistes interrogés par Bloomberg ont également révisé à la hausse leurs scénarios de prix du Brent à 65,4 dollars le baril pour 2021 et à 65,5 dollars le baril en 2022. La semaine dernière, rappelle l’Ifpen l’AIE a présenté pour la première fois cette année ses prévisions sur l’évolution du marché pétrolier pour 2022. Selon l’Agence, la demande mondiale de pétrole devrait retrouver son niveau pré-pandémique d’ici fin 2022, à 99,5 millions de barils par jour (mb/j), après avoir augmenté de +5,4 mb/j en 2021 et de +3,1 mb/j l’année prochaine. La demande de pétrole devrait même dépasser les 100 mb/j à partir du second semestre 2022. Bien que la pandémie soit loin d’être terminée, l’AIE note que la consommation mondiale de pétrole est désormais sur une base beaucoup plus stable après que le nombre de cas de Covid-19 en Inde, troisième consommateur mondial de pétrole, a commencé à diminuer et que les campagnes de vaccination dans les pays de l’OCDE s’intensifient.  Les perspectives de l’AIE sur l’évolution de la demande sont également partagées par l’agence américaine EIA, qui est encore plus optimiste dans son dernier rapport avec une augmentation de +3,7 mb/j en 2022 et une demande supérieure à 100 mb/j dès la fin 2021. D’autres entreprises, comme Schlumberger, sont également très optimistes pour l’année prochaine. Lors d’une conférence d’investisseurs début juin, le PDG de Schlumberger, Olivier Le Peuch, a déclaré qu’il s’attendait à ce que « la reprise économique déclenche un super cycle dans le secteur de l’énergie ». Du côté de la production, et malgré les contraintes financières et la pression croissante des actionnaires sur les grandes compagnies pétrolières, l’AIE estime que la production hors OPEP+ devrait augmenter l’année prochaine de +1,6 mb/j, dont la majeure partie aux États-Unis (+0,7 mb/j). Bien que l’activité dans les bassins d’huile de schiste américains reste modérée, l’AIE note que la hausse des prix du brut a déjà incité les opérateurs privés (qui représentent ~25% de l’offre d’huile de schiste américaine) à intensifier leurs activités de forage et à mettre en service des puits forés mais non achevés. D’ici la fin de 2022, la production américaine de pétrole de schiste devrait légèrement dépasser les niveaux prépandémiques et atteindre 8,2 mb/j (et la production totale de pétrole brut américain dépasser les 12 mb/j fin 2022. « Si la hausse des prix du brut est favorable à une reprise de l’activité des schistes américains, la baisse de l’écart de prix entre le WTI et le Brent (1,8 dollars le baril actuellement contre plus de 7 dollars le baril en 2019) rend cependant le brut américain beaucoup moins attractif et pourrait réduire les exportations » estime l’Ifpen. Dans ce contexte (demande + 3,1 mb/j, offre hors OPEP+ +1,6 mb/j), l’AIE a lancé un appel direct à l’alliance OPEP+, qui doit se réunir début juillet, pour qu’elle augmente sa production et remette sur le marché les barils retirés lorsque la demande s’était effondrée l’année dernière. En effet, selon les derniers chiffres publiés, la coalition des 23 pays de l’OPEP+ a jusqu’à présent rétabli environ 40 % de la production qu’elle avait retirée du marché il y a un an. « Cette augmentation de la production de l’OPEP est techniquement possible étant donné l’importante capacité de réserve de l’organisation, estimée entre 7 et 8 mb/j (en fonction de l’évolution de la situation en Iran) » soutient l’institut de recherche français. En déclarant que « l’OPEP+ doit ouvrir les robinets pour maintenir un approvisionnement adéquat des marchés pétroliers mondiaux », le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, a mis en garde contre une nouvelle flambée des prix si l’offre supplémentaire n’était pas au rendez-vous. En réponse, le ministre saoudien de l’énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, a déclaré qu’il attendait la confirmation de la reprise de la demande avant de réagir (l’OPEP n’a pas encore publié ses prévisions pour 2022). En ce qui concerne l’évolution des stocks, le rapport de l’AIE montre que les stocks mondiaux sont restés stables à 2 926 millions de barils (mb) en avril, passant sous la moyenne 2016-20 (-61,3 mb) et pour la première fois sous la moyenne 2015-19. Cette baisse est principalement due à une diminution des stocks de diesel (-12 mb), en lien avec la reprise économique. Selon les données hebdomadaires de l’EIA, pour la semaine du 4 juin, les stocks de pétrole brut ont diminué de -5,2 mb malgré une augmentation de 620 kb/j des importations nettes et d’une augmentation de 200 kb/j de la production de brut, qui a atteint 11,0 mb/j. En Europe (ARA), les stocks de produits pétroliers ont diminué de 4,1 %.

A.S.

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