Pétrole : Le marché devrait continuer à se tendre

Le pétrole a dépassé les 75 dollars le baril à Londres la semaine dernière pour la première fois depuis plus de deux ans, la reprise économique s’accélérant dans de nombreuses régions du monde et les stocks de pétrole brut diminuant relève l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen) dans son tableau de bord sur les marchés pétroliers publié, hier.

Par Abdelkrim Salhi

 « Tout l’attention des acteurs du marché pétrolier est désormais tournée vers la réunion de l’OPEP+, jeudi prochain qui devrait annoncer ses nouveaux quotas de production pour le mois d’août et au-delà » indique l’institut français du pétrole.  Néanmoins, estime l’Ifpen, pour une grande majorité d’entre eux, la situation devrait continuer de se tendre au cours de l’été et les prix continuer de progresser. En moyenne hebdomadaire, le Brent sur le marché à terme de Londres a gagné +1,8 dollars le baril (+2,4%) pour atteindre 75,3 dollars le baril.  Le WTI a suivi la même tendance avec une hausse de +1,9 dollars le baril (+2,6%) pour atteindre 73,4 dollars le baril. « Plusieurs institutions financières ont revu à la hausse leur scénario de prix de pétrole la semaine dernière, notamment Goldman Sacks, qui voit le Brent atteindre 80 dollars le baril cet été en raison de la reprise rapide de la demande et Bank of America avec un prix du Brent qui pourrait dépasser les 100 dollars le baril d’ici l’année prochaine » souligne l’institut de recherche français. Ces scénarios, constate-t-il,  ont été repris également par Darren Woods d’Exxon, Patrick Pouyanne de TotalEnergies et  Ben  van  Beurden  de  Shellqui ont  déclaré  la  semaine  dernière,  lors  du Qatar  Economic  Forum que l’on pouvait s’attendre à ce que le prix du Brent atteigne prochainement 100 dollars le baril en raison de la tension de l’offre provoquée par  la  baisse  des  investissements  dans  la  production même  si la  volatilité  du  marché  pourrait  également  exercer  une pression baissière sur les prix. « Jusqu’à présent, il y a eu peu d’informations sur la position de l’OPEP face à la hausse des prix du brut,  si  ce  n’est  une déclaration  du  prince  Abdulaziz  bin  Salman  la  semaine  dernière  indiquant  qu’il  était  prêt  à  prendre  des  mesures  qui contribueraient à « tempérer les pressions inflationnistes croissantes » relève l’Ifpen. L’Arabie saoudite reste toutefois très prudente quantaux perspectives de reprise économique et se méfie de la spéculation et des projections trop optimistes des analystes. Dans sa déclaration, le prince Abdulaziz a certes pris note de la baisse des stocks mondiaux de pétrole et de meilleures prévisions de la demande pour le second semestre de cette année et pour 2022. Mais il a également ajouté que l’OPEP+ ne pouvait pas exclure un éventuel retour des cas de Covid (principalement lié au développement du variant Delta dans de nombreux pays). Il a également cité la relance potentielle de la production iranienne et vénézuélienne comme une incertitude que l’organisation devait prendre en compte. « Quelle que soit la décision de l’OPEP+ cette semaine, pour les analystes, il est peu probable qu’elle suffise à réduire le déséquilibre pétrolier estimé à plus de 1,2 millions de barils par jour (mbj) au second semestre, selon l’AIE », anticipe l’institut de recherche. Selon ce dernier, le marché devrait continuer à se tendre et les prix du brut à augmenter.  Aux Etats-Unis, selon les données hebdomadaires de l’EIA pour la semaine du 18 juin, les stocks de pétrole brut ont diminué de 7,6 millions de barils (mb) et sont inférieurs de 24 mb à la moyenne quinquennale. La production de pétrole brut baisse de 100 000 barils par jour à 11,1 mb/j tandis que le nombre de plateformes de forage en activité reste stable à 470. Selon l’enquête de la Fed de Dallas auprès de plus de 150 compagnies pétrolières, publiée le 23 juin, l’activité du secteur pétrolier et gazier américain a continué de croître fortement au deuxième trimestre, avec des dépenses d’investissement plus élevées mais des pressions importantes sur les coûts.  Pour les entreprises de services pétroliers, l’indice du coût des intrants est actuellement à son plus haut niveau depuis 2016 et l’indice des coûts d’exploration et de production est revenu aux niveaux de 2018. Cette augmentation des coûts ne se limite pas aux États-Unis ou à l’industrie pétrolière en amont. Elle est mondiale et se retrouve tout au long de la chaîne pétrolière et gazière. Malgré cette forte augmentation des coûts, les compagnies pétrolières cotées en bourse devraient voir leur cash-flow libre atteindre un niveau record de 348 milliards de dollars en 2021, soit 37 milliards de plus qu’en 2008, lorsque le prix du pétrole était en moyenne de 100 barils par jou, selon Rystad. Ces bénéfices élevés s’expliquent toutefois par un faible niveau d’investissement, qui ne devrait augmenter que d’environ 2 % en 2021, dans un contexte de réorientation stratégique des grandes compagnies pétrolières et d’une diversification de leurs activités vers les énergies renouvelables. Même le secteur du schiste américain devrait être rentable cette année grâce à l’augmentation du prix du brut, une meilleure discipline financière et une optimisation opérationnelle. En Europe (ARA), les stocks de produits pétroliers sont en légère hausse de +1,4 %.

A.S.

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