Rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie : Les prévisions de la Banque mondiale

Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance du produit intérieur brut réel (PIB réel) de l’Algérie, atteindra 4,1 % en 2021, puis diminuera progressivement à moyen terme. Dans son rapport de suivi de la situation économique, publié récemment, la Banque mondiale table sur un taux de croissance du PIB réel de 2% en 2022 et de 1,5% en 2023.

Par Abdelkrim Salhi

 Hors hydrocarbures l’institution financière internationale fait état d’une contraction de l’activité de (-3,9%) cette année. Le solde du compte courant devrait s’améliorer nettement en 2021 et 2022 avec le pic des exportations d’hydrocarbures, mais se détériorer ensuite. Le déficit budgétaire global devrait s’améliorer en 2021, mais il devrait se dégrader lentement par la suite dans un contexte de diminution attendue des recettes pétrolières et de rebond des dépenses publiques. La politique monétaire, estime la Banque mondiale, visera à équilibrer la nécessité de financer la reprise et le déficit public tout en maîtrisant la montée des pressions inflationnistes. « L’inflation s’est nettement accélérée en 2021, affectant les ménages vulnérables de façon disproportionnée » relève le rapport. En octobre 2021, l’indice des prix à la consommation avait augmenté de 9,2 % en glissement annuel. Une sécheresse précoce qui a freiné la production agricole et les efforts de rationalisation de subventions alimentaires et des importations ont contribué à une augmentation rapide des prix des produits alimentaires frais et industriels (+16,5 % et +12,3 % en glissement annuel, respectivement). Dans le même temps, les prix des produits importés et des biens manufacturés ont continué de grimper à un rythme élevé et accéléré, alimentés par une dépréciation soutenue du taux de change. En raison de la forte hausse de l’inflation alimentaire, le pouvoir d’achat du segment le plus vulnérable de la population a été disproportionnellement affecté en 2021, compte tenu du poids majeur des produits alimentaires dans son panier de consommation. La Banque mondiale estime que le taux d’inflation devrait clôturer l’année 2021 à 7,3% en moyenne annuelle, puis reculer à 6,8% en 2022 et 6,6% en 2023. Pour la Banque mondiale, la mise en œuvre effective du vaste programme de réforme favorisera la transition vers une trajectoire de croissance durable. Le Plan d’Action du Gouvernement a pour ambition de favoriser la transition de l’économie vers un modèle de croissance durable, tiré par le secteur privé, et de rétablir les équilibres macroéconomiques. À cet égard, il plaide en faveur de la poursuite des réformes de la gestion des finances publiques et de la rationalisation des dépenses, notamment en passant d’un système universel de subventions publiques coûteuses à un système ciblé favorisant l’équité sociale. Il préconise des améliorations transversales et significatives de l’environnement des affaires, notamment par la réforme de la loi sur les investissements ou de la loi bancaire ainsi que par des gains de productivité à travers la restructuration et l’ouverture à l’actionnariat privé du capital des banques et entreprises publiques. Ces dernières années, indique le rapport, les politiques de compression des importations et les vagues de dépréciation du taux de change ont permis de limiter en partie la hausse des déficits du compte courant et budgétaire, la dépréciation augmentant notamment la valeur en monnaie nationale des recettes d’exportation des hydrocarbures, malgré une baisse des volumes d’exportation. Néanmoins, les recettes budgétaires hors hydrocarbures couvrent une part décroissante des dépenses publiques (47 % en 2020) et les exportations hors hydrocarbures couvrent une part croissante mais marginale des importations (7 % en 2020). Dans un contexte d’inflation croissante des prix à la consommation et à la production, l’apport soutenu de liquidités par la Banque d’Algérie (BdA), la dépréciation du taux de change et la compression des importations auront un impact croissant sur la stabilité monétaire, la reprise économique et le niveau de vie des Algériens. La mise en œuvre de réformes structurelles visant à accroître la compétitivité, tout en rétablissant les équilibres macroéconomiques et en protégeant les ménages algériens, sera essentielle pour favoriser l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis des recettes des hydrocarbures. La Banque mondiale évoque les principaux risques pesant sur ses prévisions de croissance et perspectives économiques à moyen terme. Elle cite, notamment, Des recettes en devises inférieures aux attentes en raison d’une demande en hydrocarbures et de prix inférieurs aux attentes, qui pourraient creuser les déficits budgétaires et extérieurs, renforcer le risque d’un ajustement désordonné (par exemple, du taux de change ou de la demande intérieure) pour protéger les réserves internationales. Des besoins de financement budgétaire plus élevés pourraient également conduire à une absorption supplémentaire des liquidités bancaires et à une consolidation de l’investissement public, entravant la croissance. Le rapport fait référence, aussi, progrès insuffisants dans la mise en œuvre des réformes structurelles et des politiques en faveur d’une reprise durable dans le secteur privé pourraient menacer la croissance et retarder la transformation structurelle de l’économie algérienne qui l’éloignerait de sa dépendance vis-à-vis des recettes des hydrocarbures. La baisse structurelle de la croissance dans les secteurs hors-hydrocarbures continuerait, entravant la substitution des importations, et alimentant ainsi les pressions inflationnistes dans un contexte de baisse du taux de change.

A.S.

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