Rapports nationaux sur le climat et le développement : La Banque mondiale veut repenser la problématique du financement

Le Groupe de la Banque mondiale a achevé une première série de rapports nationaux sur le climat et le développement concernant 24 pays, un document qui repose la problématique du financement climatique.

Par K. Bensalem

 Le rapport a conclu que les besoins de financement pour le climat et le développement, rapportés au PIB, sont plus élevés dans les pays qui ont le moins contribué au réchauffement climatique et qui bénéficient d’un accès plus restreint aux marchés financiers et aux capitaux privés. Sur l’ensemble des 24 pays, les besoins de financement pour l’action climatique représentent en moyenne 1,4 % du PIB à l’horizon 2023, avec toutefois de grandes disparités selon la classe de revenu des pays : 1,1 % du PIB en moyenne dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, contre 5,1 % dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et jusqu’à 8 % dans les pays à faible revenu. Pour ces deux dernières catégories, il ne fait aucun doute que les financements internationaux concessionnels, c’est-à-dire assortis de conditions très favorables, seront vitaux. Les rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) suivent différentes méthodologies, en fonction de ce qui est le plus pertinent pour chaque pays. Grâce à cette approche, les rapports peuvent servir à étayer le débat sur l’action à mener et déterminer les priorités d’un pays donné ; mais il est vrai qu’il est plus difficile d’agréger les résultats et de les comparer. Néanmoins, selon la Banque mondiale, certains principes communs sous-tendent tous les CCDR : les besoins d’investissements que nous identifions représentent les investissements supplémentaires à mobiliser d’ici à 2030 afin de stimuler la résilience, de financer l’adaptation et de permettre aux pays de s’engager dans un développement à faible émission de carbone. La référence choisie pour définir le caractère « supplémentaire » de ces investissements diffère toutefois d’un rapport à l’autre, puisqu’elle dépend en grande partie du contexte de développement de chaque pays. En effet, les CCDR ne s’intéressent pas seulement au changement climatique : ils portent sur les interactions entre changement climatique et développement. Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire/supérieur, comme la Chine et la Turquie, nous avons défini les besoins d’investissements supplémentaires comme étant la différence entre un scénario de développement résilient et décarboné, et un scénario de développement avec maintien du statu quo. Ces besoins se fondent sur les priorités de développement du pays, mais avec des objectifs différents en matière de résilience et d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Sur le volet atténuation, les estimations englobent les investissements dans des solutions plus écologiques, comme les énergies renouvelables, mais aussi les « coûts négatifs » des investissements qui ne sont plus nécessaires, comme les centrales à charbon ou l’infrastructure destinée au gaz naturel. Sur le volet adaptation et résilience, les estimations comprennent le coût marginal de construction d’une infrastructure plus résiliente, et non le coût total des actifs. Le montant relativement faible des besoins d’investissements supplémentaires pour le développement résilient et décarboné des pays à revenu intermédiaire/supérieur indique que dans ces pays, l’alignement des enjeux de développement et du climat n’amplifie que modérément les difficultés de financement qu’ils doivent surmonter. Dans la plupart des pays à faible revenu et des pays à revenu intermédiaire/inférieur, tels le Pakistan ou les pays du Sahel, les investissements identifiés concernent l’amélioration de la résilience et la réduction des déficits de développement et d’infrastructure déjà existants — par exemple le manque d’accès à des sources d’eau améliorées ou des services énergétiques modernes — à l’aide des meilleures technologies à disposition. Le CCDR consacré au Sahel, par exemple, n’étudie pas les solutions permettant de fournir un accès à des services énergétiques verts et résilients au même nombre de personnes, comme le ferait un scénario de statu quo ; il examine en revanche les investissements nécessaires pour qu’un plus grand nombre d’habitants bénéficie d’une électricité verte et résiliente. Les CCDR portant sur les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire/inférieur tendent à comparer les besoins d’investissements en vue d’un développement résilient et bas carbone par rapport aux niveaux d’investissement actuels, mais présentent de bien meilleurs résultats en termes de développement que ceux obtenus en suivant simplement les tendances actuelles. Par conséquent, les « investissements supplémentaires » correspondent aux investissements dans des solutions plus vertes et résilientes, mais également les investissements nécessaires pour combler les déficits de développement et d’infrastructure existants (sans déduction des investissements non nécessaires). Les importants besoins d’investissements supplémentaires dans ces pays mettent en lumière la grande difficulté financière à laquelle ils se heurtent pour atteindre leurs objectifs de développement de manière résiliente et durable.

K.B.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*