Les dirigeants du Groupe de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI), du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont appelé de leurs vœux, récemment, à une action urgente pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde.
Par K. Bensalem
La crise sanitaire qui dure depuis deux années et la guerre en Ukraine ont, en effet, exacerbé les tensions autour de la production, l’approvisionnement et la distribution des produits de large consommation à travers la planète. Rappelant l’impact du conflit en Ukraine et la pandémie de Covid-19 à ce sujet, les responsables de ces instances internationales constatent que « l’explosion des prix des denrées de consommation courante et les pénuries d’approvisionnement mettent les ménages du monde entier sous pression et font basculer des millions de personnes dans la pauvreté». Dans une déclaration commune, qui intervient à l’approche des réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, qui se tiendront la semaine prochaine, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, David Beasley, directeur exécutif du PAM, et Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, estiment que « la hausse des prix des denrées alimentaires est exacerbée par la montée spectaculaire des cours du gaz naturel, qui entre dans la composition des engrais azotés. Conjuguée à une réduction considérable de l’approvisionnement mondial, la flambée des prix des engrais a des conséquences importantes sur la production alimentaire dans la plupart des pays, y compris de grands producteurs et exportateurs, qui sont largement tributaires de l’engrais importé ». Les auteurs de la déclaration pensent que la montée des prix des denrées alimentaires et les chocs sur l’approvisionnement risquent d’attiser les tensions sociales dans un grand nombre de pays concernés, tout particulièrement ceux qui sont déjà fragiles ou touchés par un conflit ». « Les pays les plus menacés sont les plus pauvres, eux dont la consommation repose en grande partie sur les importations de denrées alimentaires, mais la vulnérabilité s’aggrave rapidement dans les pays à revenu intermédiaire, où vivent la majorité des personnes pauvres du monde », prévoient les auteurs de la déclaration qui rappellent, à ce propos, que selon les estimations de la Banque mondiale, pour toute augmentation d’un point de pourcentage des prix alimentaires, ce sont 10 millions de personnes dans le monde qui basculent dans la pauvreté extrême. Afin de faire face à cette tension mondiale extrême sur les produits alimentaires, les rédacteurs de la déclaration préconisent de venir en aide aux pays vulnérables, de fournir en urgence des denrées alimentaires et une assistance financière aux ménages et aux pays, de lever les entraves aux échanges, ainsi que d’investir dans la production durable de denrées alimentaires et dans la sécurité nutritionnelle. « Nous exhortons la communauté internationale à venir sans délai en aide aux pays vulnérables en prenant des mesures coordonnées, telles que la fourniture urgente de denrées alimentaires, l’appui financier, l’augmentation de la production agricole et la promotion du libre-échange. Nous nous engageons à mettre en commun notre expertise et nos financements afin de rapidement renforcer notre soutien sur le plan financier et sur celui des politiques publiques, en vue de venir en aide aux pays et ménages vulnérables, d’accroître la production agricole intérieure dans les pays touchés et de leur fournir davantage de produits agricoles », indiquent les dirigeants de la BM, du FMI, du PAM et de l’OMC qui disent être « en mesure d’atténuer les pressions sur la balance des paiements et d’œuvrer avec tous les pays au maintien des flux commerciaux ». Ils appellent également la communauté internationale à apporter sa contribution aux besoins urgents de financement, notamment par des dons, en finançant la fourniture immédiate de denrées alimentaires, en déployant des filets de protection répondant aux besoins des personnes pauvres et en aidant les petits exploitants agricoles à faire face à la hausse du prix des intrants ».Tout comme ils exhortent tous les pays à préserver le libre-échange et à ne pas prendre de mesures restrictives, telles qu’une interdiction des exportations de produits alimentaires ou d’engrais, qui ne feraient, selon les rédacteurs de la déclaration, « qu’exacerber les souffrances des personnes plus vulnérables ». « Il est essentiel de venir en aide, sans délai et de façon coordonnée, aux pays qui ne sont pas en mesure d’assurer leur sécurité alimentaire. Nous nous tenons prêts à collaborer avec nos partenaires multilatéraux et bilatéraux pour aider les pays à surmonter cette crise urgente », insistent encore les rédacteurs de la déclaration.
K.B.
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