Après avoir connu avec l’avènement de la crise du Covid, une hausse vertigineuse avoisinant les 700%, faisant passer le prix du conteneur de 40 pieds de 1.500 à 11.000 dollars, les tarifs du transport maritime semble revenir peu à peu à leur niveau d’avant le Covid, soit en 2019.
Le tassement de la consommation mondiale a, visiblement, eu un effet certain sur les échanges de marchandises. Ainsi, selon le Freightos Baltic Index, un indice qui mesure le prix du transport par conteneurs, le prix d’un conteneur de 40 pieds s’est affiché à 2.500 dollars début décembre, alors qu’il frôlait les 11.000 dollars en septembre 2021. Si les prix ont connu une telle envolée, c’est parce que les tarifs du transport maritime « sont liés à l’offre et la demande » et suivent « les cycles de l’économie mondiale », explique Arthur Barillas, directeur général du commissionnaire de transport Ovrsea, cité par l’AFP. En 2020, la crise sanitaire a, en effet, vu le pouvoir d’achat des populations confinées, se déporter vers les biens de consommation, entraînant une explosion du e-commerce. Par conséquent, les compagnies maritimes ont eu du mal à répondre à cette hausse brutale de la demande, d’où une explosion des prix du fret. Mais le contexte n’est plus le même aujourd’hui. Le phénomène inflationniste entamé mi-2021, la normalisation de la consommation et= le début de la guerre en Ukraine ont considérablement infléchi la courbe de la demande. Ce qui explique, donc, aujourd’hui cette dégringolade des prix du fret maritime et un retour à la normale, c’est-à-dire à la période d’avant le Covid. Ce qui devrait avoir un impact positif dans le sens de la baisse sur les prix des produits de consommation importés. Sans surprise, les transporteurs maritimes ont engrangé des bénéfices record. En 2021, le français CMA CGM, troisième transporteur mondial, a multiplié son résultat net par 10 pour atteindre l’impressionnante somme de 17,9 milliards de dollars. Le danois Maersk, deuxième transporteur mondial, a de son côté multiplié son bénéfice net par 6 en 2021 et presqu’autant en 2020 soit une quasi, multiplication par 12 en deux ans. « Après deux ans de hausse régulière des taux de fret, nous entrons aujourd’hui dans une période de normalisation avec une chute assez drastique des prix de transport en raison de la baisse de la consommation elle-même liée à l’inflation. En raison de la dégradation de l’économie mondiale, il ne devrait pas y avoir de grands changements sur le front des volumes d’ici à la fin du deuxième trimestre 2023 », indiquait fin octobre Stéphane Defives, directeur de la logistique maritime France chez Kuehne+Nagel, groupe d’entreprises spécialisé dans la logistique, dans une interview accordée à La Tribune. Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, a tenu les mêmes propos dans un communiqué sur les résultats du troisième trimestre de son groupe. « Nous observons actuellement une baisse de la demande qui conduit à une normalisation des échanges économiques internationaux et une baisse significative des taux de fret », commentait-il. Cette baisse brutale des prix du fret « a pris tout le monde de court », explique Arthur Barillas. Conséquence, selon lui : « Les entreprises se retrouvent avec beaucoup de stock », alors que la demande en biens de consommation devrait « chuter de 6% » en 2023. Maersk a ainsi vu son tonnage transporté au 3e trimestre 2022 baisser de 7,6% par rapport au trimestre précédent. Dans le même temps, les compagnies maritimes, qui ont lancé des commandes de navires au plus fort de la crise sanitaire, « vont voir la capacité de leurs flottes grimper de 4% », analyse-t-il. Plus de bateaux pour moins de marchandises à transporter : telle va être l’équation à résoudre pour les transporteurs, également confrontés à la flambée des prix de l’énergie. CMA CGM a dépensé en énergie 822 millions de dollars supplémentaires sur le 3e trimestre, par rapport à l’année dernière. « L’incertitude est très forte » pour l’année prochaine considère ainsi Arthur Barillas. Néanmoins, certains signaux positifs tels que « l’inflation qui se calme », font sentir « une légère brise d’optimisme » qui pourrait rendre 2023 « moins compliquée que prévue », selon l’expert. « Le premier trimestre sera le baromètre de l’année à venir », estime-t-il.
K. B.
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