Analyse du Crédit Agricole sur l’économie algérienne : La bonne conjoncture pétrolière améliore la balance des paiements

Après huit années de graves déséquilibres entre 2013 et 2021 (les difficultés macro-économiques ayant culminé lors de la crise sanitaire en 2020), l’économie algérienne se stabilise en 2021 et 2022 grâce à la forte hausse des prix du pétrole, qui a produit un excédent courant et permis à la fois un redressement des réserves en devises et une probable légère baisse de la dette publique.

Par Abdelkrim Salhi

C’est ce que relève le groupe bancaire français, Crédit Agricole, dans un article publié le 17 mars dernier, dans sa publication « Perspectives ».  Après une récession de 5,1% en 2020 en raison de la crise sanitaire, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a rebondi à 3,5% en 2021 et à 2,4% au premier semestre 2022, relève le Crédit Agricole. « Sur l’ensemble de l’année, le PIB devrait progresser de 3,2% en 2022, grâce à un prix du pétrole à 105 dollars par baril. Toutefois, l’année 2023 devrait être en retrait et décélérer à 2,7% et retrouver ainsi la moyenne des années 2010 de 2,7% également » prévoit le groupe bancaire français.  Selon ce dernier, l’impact favorable du redressement des marchés pétroliers sur la balance des paiements est significatif. « Effectivement, après des années de déficit, un excédent courant va réapparaître en 2022, il est estimé à ce stade à 6,2% du PIB, et devrait se maintenir à 3,8% en 2023 avec un pétrole à environ 90 dollars par baril. C’est une performance que le pays n’avait plus connue depuis l’année 2012, il y a onze ans, où le prix du pétrole était à plus de 100 dollars par baril » fait remarquer le Crédit Agricole. Cela a aussi un impact positif sur les réserves en devises. Après une forte chute en dix ans où elles atteignaient 195 milliards de dollars, elles se redressent fortement à 64 milliards de dollars fin février 2023 grâce au prix élevé des hydrocarbures (105 dollars/baril). Cette amélioration a un effet favorable sur le cours du dinar. « Effectivement, le régime de change quasi fixe au dollar pour éviter l’inflation importée s’assimile plutôt à un régime de change glissant rétroactif. Le dinar algérien, après une chute de 16% entre 2020 et 2021 par rapport au dollar, se redresse de 5% depuis l’été 2022, même si le marché noir suggère toujours, début 2023, une forte surévaluation de la devise » a fait savoir le groupe bancaire français. Qu’en est-il de la dette publique ? Elle était passée de 7% en 2014 à 64% du PIB en 2020 et pourrait se contracter à 58% en 2022, grâce à l’amélioration conjoncturelle. Elle restera, comme dans le passé, majoritairement financée par les banques commerciales. « Compte tenu de la probable persistance de déficit budgétaire au cours des prochains exercices, il est encore trop tôt pour envisager une baisse significative de la dette publique à moyen terme », indique le Crédit Agricole. Les nouvelles sont un peu moins bonnes sur la question de l’inflation. Celle-ci a été en moyenne de 9,7% en 2022 et reste à ce niveau en janvier 2023. « À part les dépenses d’éducation, toutes les catégories de biens et de services voient leur prix augmenter fortement et notamment l’alimentaire qui connaît une hausse de 12,4% en un an » constate le Crédit Agricole. Selon la Banque d’Algérie, au troisième trimestre 2022, l’indice des prix à la consommation nationale global moyen a connu une augmentation de 9,73 %, en progression de 1,72 point de pourcentage par rapport au même trimestre de l’année 2021. Par groupes de produits, le niveau des prix du groupe « Alimentation et boissons non alcoolisées » a enregistré une accélération de 13,38 % au troisième trimestre 2022 contre 11,48 % au troisième trimestre 2021. Également, une hausse est observée pour le groupe « Divers » qui a affiché une variation du niveau des prix de 11,34 %, contre 10,79 % au même trimestre de l’année précédente. De même que pour le groupe « Éducation, culture et loisirs » dont le niveau des prix a augmenté de 14,61 % au troisième trimestre 2022, contre 9,63 % au troisième trimestre 2021. Selon l’office national des statistiques, l’indice national des prix à la consommation a atteint 9,49% en janvier 2023. Par rapport au mois précédent, l’indice général des prix à la consommation, au niveau national, enregistre une hausse de 1,4%. Les prix des biens alimentaires se caractérisent par un taux de +2,5%.

A.S.

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