Gaz : M. Arkab : L’Algérie prête à discuter avec son partenaire espagnol de livraisons supplémentaires

L’Algérie est prête à discuter avec son partenaire espagnol de livraisons gazières supplémentaires et à fixer un programme pour assurer ces livraisons, a affirmé à Alger le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab.

S’exprimant à l’issue d’une rencontre tenue avec la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Teresa Ribera Rodriguez, M. Arkab a indiqué que « l’Algérie, à travers la compagnie Sonatrach, honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires ». « Nous avons assuré au partenaire espagnol que nous sommes prêts à parler de quantités supplémentaires et de fixer un programme pour fournir toutes ces quantités en gaz », a-t-il souligné. « Les partenaires espagnols ont été rassurés que l’Algérie fournira, dans le cadre des contrats conclus entre Sonatrach et les sociétés espagnoles, tous les approvisionnements prévus. Nous nous sommes engagés également à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz », a précisé le ministre tout en évoquant, un projet d’extension de la capacité du Medgaz et ainsi que les capacités en GNL. Lors de cette rencontre, les deux parties ont abordé aussi d’autres points portant sur la coopération bilatérale dans le domaine énergétique, dont notamment les projets d’interconnexion électrique et gazière entre les deux pays. A ce propos, le ministre a évoqué la réalisation d’un projet de câble électrique sous-marin qui va relier l’Algérie à l’Espagne. « Nous sommes très intéressés par ce projet et par l’utilisation des technologies modernes dans le domaine énergétique avec le partenaire espagnol, ainsi que des projets futurs qui profiteront aux deux parties », a-t-il déclaré.

 Les compagnies espagnoles invitées à investir dans les hydrocarbures

 Se félicitant des relations « excellentes et distinguées » entre l’Algérie et l’Espagne dans le domaine de l’énergie, M. Arkab a soutenu que les deux pays sont « déterminés » à poursuivre cette relation à l’avenir afin de concrétiser de « nombreux grands projets ayant une importance pour les deux pays ». Lors de cette réunion, il a été également présenté à la délégation espagnole, les opportunités d’investissement et de partenariat qu’offre le secteur des hydrocarbures (amont et aval), a fait savoir le ministre, tout en invitant les entreprises espagnoles à participer aux prochains appels d’offres et à bénéficier des avantages offerts par la nouvelle loi sur les hydrocarbures. De son côté, Mme Rodriguez s’est félicitée de l’engagement et des explications fournies par la partie algérienne relatives aux garanties du transport du gaz naturel conformément aux accords signés par les compagnies des deux pays. « En effet, nous avons une relation commerciale d’envergure garantissant le bien-être de la société espagnole du point de vue planification et de livraison du gaz naturel depuis l’Algérie », a-t-elle relevé tout en précisant que « le ministre de l’Energie lui a expliqué les dispositions prises pour continuer à assurer, de la meilleure manière, les livraisons gazières à travers le Medgaz, selon un calendrier bien déterminé ». Selon la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol, les deux pays ont des défis similaires notamment dans les domaines du changement climatique, l’énergie et les ressources en eau. Dans ce sens, elle a fait état de discussions sur des projets en communs dans le domaine des énergies renouvelables et la construction d’un câble d’interconnexion électrique entre les deux pays. Par ailleurs, les deux parties ont évoqué la possibilité d’élargir et d’approfondir les engagements établis dans le mémorandum de coopération signé en 2018 dans le domaine énergétique. Ont pris part à cette rencontre du côté algérien, les PDG des groupes Sonatrach et Sonelgaz, respectivement Toufik Hakkar et Chaher Boulakhras, les directeurs centraux du ministère de l’Energie et des Mines, et les directeurs du ministère des Affaires étrangères. La partie espagnole a été représentée par la Secrétaire d’Etat à l’Energie, Sara Aagesen, la directrice générale de la diplomatie économique, Anna Esmeralda Martinez Saez ainsi que le conseiller auprès de l’ambassade d’Espagne en Algérie, Pablo Fernandez Vacas.

Grâce au GNL, L’Algérie est en mesure de fournir davantage de gaz à l’Espagne

L’Algérie, via le groupe Sonatrach, est en mesure de fournir, en cas de besoin, des volumes supplémentaires de gaz à l’Espagne sous forme de GNL transporté par voie maritime, sans avoir recours au gazoduc Maghreb-Europe (GME), a indiqué l’expert international en énergie, Francis Perrin.Dans un entretien accordé au quotidien national « Liberté » dans son édition, l’expert a estimé que l’Algérie peut fournir à l’Espagne des volumes supplémentaires en gaz, notamment à travers les trois complexes de liquéfaction d’Arzew ainsi que le complexe de Skikda. De plus, il a cité la disponibilité du gazoduc Medgaz qui relie directement l’Algérie à l’Espagne au niveau duquel des travaux d’expansion doivent s’achever à la fin novembre pour faire passer sa capacité de 8 milliards m3/an à 10,5 milliards m3/an. Interrogé sur l’impact éventuel du non renouvellement du contrat portant sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui expire à la fin du mois en cours, l’expert international a estimé que le Maroc perdra les volumes de gaz qu’il achète à l’Algérie et les volumes de gaz auxquels il a droit du fait du transit du gaz algérien sur son territoire. « Cela représentait plus d’un milliard de mètres cubes par an, il y ans », a-t-il souligné. M. Perrin a fait observer que l’Algérie n’est pas tenue juridiquement de commercialiser son gaz via le GME à partir du 1er novembre. Le contrat de transit de gaz via le Maroc à destination de l’Espagne et au Portugal ainsi que le contrat de livraison de gaz vers la péninsule ibérique via le gazoduc Maghreb-Europe arrivent à expiration au 31 octobre prochain. « A partir du 1er novembre 2021 il n’y a donc plus d’obligations juridiques pour la partie algérienne », a analysé l’expert. Mis en exploitation en 1996, le GME achemine du gaz à partir de Hassi R’mel vers l’Espagne, sur 1400 km, en passant par le territoire marocain. Il alimente l’Espagne et le Portugal à hauteur de 10 milliards de M3 par an. La péninsule ibérique (Espagne et Portugal) s’affiche comme 2ème client pour le gaz algérien, avec un volume exporté, au premier trimestre de l’année en cours, de 4,3 milliards de m3, soit une progression de 122% par rapport à la même période de 2020, ce qui représente une part de marché de plus de 47%. Sur un autre volet, l’expert international a considéré que la plupart des facteurs haussiers sur les marchés mondiaux du gaz naturel sont conjoncturels. « Mais cela ne signifie pas qu’ils vont disparaitre rapidement comme par enchantement. La demande restera forte pendant plusieurs mois encore. Elle ne peut pas s’adapter rapidement à la demande », a-t-il analysé.  Il a également expliqué qu’il faudra du temps pour reconstituer les stocks tout comme pour la négociation de nouveaux contrats d’importation de gaz russe, en plus du paramètre du marché européen des émissions de CO2. Questionné sur la possibilité pour l’Algérie de renégocier ses contrats gaziers en cours pour les adapter au contexte de cherté de l’énergie, M. Perrin a souligné que les contrats d’chat et de vente de gaz contiennent des clauses d’indexation selon les tendances conjoncturelles des prix. « Dans le contexte actuel, on peut obtenir des prix plus élevés avec des livraisons spot ou à court terme, mais avec des contrats à long terme, on sécurise des marchés pendant de nombreuses années », étaye-t-il, rappelant que l’Algérie a fait le choix de privilégier des relations à long terme avec ses clients pour ses exportations de gaz naturel, notamment en Europe. A.A.

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