La France et la politique de la tension permanente : Taux record de refus de visa pour les Algériens

Les Algériens font face depuis de nombreuses années à des restrictions de plus en plus soutenues dans la délivrance des visas Schengen, notamment pour la France et l’Espagne. Ces restrictions se traduisent, dans les faits, par un rejet important des demandes de visas déposées auprès des consulats.

Par K. Bensalem

 Et le plus révoltant dans cette histoire c’est que les Algériens ne sont pas traités de la même façon que les autres nationalités puisque le taux de refus pour nos concitoyens reste de loin le plus élevé. Cette tendance semble se maintenir ces dernières années, coïncidant avec la montée de l’extrême droite au sein du pouvoir politique en France et dans les assemblées élues. A titre d’exemple, en 2024, il y a eu 383 680 demandes de visa pour la France déposées par des Algériens et sur ce total, 133 548 demandes ont été refusées. Ce qui représente un taux de refus élevé, le plus important pour la France en 2024. Et ces restrictions touchent toutes les catégories de visas et pas seulement ceux de court séjour, qui représentent la majorité des demandes de visas. Pour la même année, environ 550.000 demandes de visas Schengen ont été déposées par les Algériens auprès des consulats européens en Algérie et seulement 232 163 visas ont été accordés. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a, d’ailleurs, reconnu, récemment, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée française, que les ressortissants algériens peinent à obtenir des visas pour la France. Il a, ainsi, révélé qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2025, le nombre de visas délivrés a chuté de 14.5 % par rapport aux chiffres de la même période de l’année précédente. D’après l’exposé du chef de la diplomatie française, les consulats français en Algérie ont enregistré une baisse significative dans la délivrance des visas durant les neuf premiers mois de l’année en cours. Selon le MAE français, le taux de refus en Algérie atteint désormais 31 %, soit près du double de la moyenne mondiale, estimée à 16 %. Cette diminution, qui se traduit par une nette contraction des flux migratoires algériens vers la France en 2025, touche, certes, principalement les visas touristiques mais également les autres catégories. La baisse pour les visas touristiques est de l’ordre de 21 %, celle des visas économiques de baisse de 12.6 % et celle des visas familiaux de 7.4 %. Selon Jean-Noël Barrot, cette baisse s’explique par deux facteurs : d’une part, la réduction des effectifs consulaires français en Algérie a limité le volume de dossiers pouvant être traités. D’autre part, il y a eu une diminution des demandes algériennes, les citoyens considérant souvent qu’il n’est pas « approprié » de voyager en France dans le climat de tensions actuel entre les deux pays. Et ce ne sont pas les visas délivrés pour les étudiants qui vont servir à cacher la forêt des refus de visas pour les Algériens. Leur nombre a augmenté de 12.5 %, soit 8 351 visas accordés en 2025. La fermeture de la vanne des visas semble devenir avec le temps un des leviers préférés des autorités françaises à chaque que les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe. Les Français pensent, à tort, que c’est la meilleure façon de faire pression sur les Algériens. Restreindre les visas de circulation se présente comme la solution de facilité pour les autorités françaises qui croient qu’elles peuvent ainsi forcer leurs vis-à-vis à se plier à leurs exigences. A l’évidence, cette manière de traiter les Algériens comment à agacer y compris du côté français où des parts et des personnalités politiques, à l’image de Dominique de Villepin, l’ancien chef de la diplomatie française sous Jacques Chirac, et Ségolène Royal, l’ancienne candidate à la présidentielle, n’hésitent pas à dénoncer publiquement ce deux poids deux mesures, tout en appelant à normaliser les relations avec l’Algérie.      

K.B.

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