Le Fonds monétaire international a abaissé sa prévision de croissance mondiale de 0,4 point, à 3,2% en 2022, notamment en raison du ralentissement économiques en Chine et aux Etats-Unis.
« La production mondiale s’est contractée au deuxième trimestre de cette année, en raison des ralentissements en Chine et en Russie, tandis que les dépenses de consommation américaines ont été inférieures aux attentes » relève le FMI ses prévisions actualisées, publiées mardi. « Plusieurs chocs ont frappé une économie mondiale déjà fragilisée par la pandémie : une inflation plus élevée que prévu dans le monde en particulier aux États-Unis et dans les grandes économies européennes déclenchant des conditions financières plus strictes ; un ralentissement pire que prévu en Chine, reflétant les flambées de COVID-19 et les blocages ; et d’autres retombées négatives de la guerre en Ukraine » indique l’institution financière international. La prévision de référence prévoit un ralentissement de la croissance de 6,1% l’an dernier à 3,2% en 2022, soit 0,4 point de pourcentage de moins que dans les Perspectives de l’économie mondiale d’avril 2022. Une croissance plus faible en début d’année, une baisse du pouvoir d’achat des ménages et un resserrement de la politique monétaire ont entraîné une révision à la baisse de 1,4 point de pourcentage aux États-Unis. En Chine, de nouvelles mesures de confinement et l’aggravation de la crise immobilière ont entraîné une révision à la baisse de la croissance de 1,1 point de pourcentage, avec d’importantes retombées mondiales. Et en Europe, les révisions à la baisse significatives reflètent les retombées de la guerre en Ukraine et le resserrement de la politique monétaire. L’inflation mondiale a été révisée à la hausse en raison des prix des denrées alimentaires et de l’énergie ainsi que des déséquilibres persistants de l’offre et de la demande, et devrait atteindre 6,6 % dans les économies avancées et 9. 5 % dans les pays émergents et les pays en développement cette année — des révisions à la hausse de 0,9 et 0,8 point de pourcentage, respectivement. En 2023, la politique monétaire désinflationniste devrait peser, la production mondiale augmentant de seulement 2,9 %. Les risques pesant sur les perspectives sont massivement orientés à la baisse. La guerre en Ukraine pourrait conduire à un arrêt brutal des importations européennes de gaz depuis la Russie ; l’inflation pourrait être plus difficile à réduire que prévu, soit si les marchés du travail sont plus tendus que prévu, soit si les anticipations d’inflation ne sont pas ancrées ; des conditions financières mondiales plus strictes pourraient entraîner un surendettement dans les pays émergents et les pays en développement ; de nouvelles épidémies et fermetures de COVID-19 ainsi qu’une nouvelle escalade de la crise du secteur immobilier pourraient encore freiner la croissance chinoise ; et la fragmentation géopolitique pourrait entraver le commerce et la coopération mondiaux. Un scénario alternatif plausible dans lequel les risques se matérialisent, l’inflation augmente encore et la croissance mondiale diminue à environ 2,6 % et 2,0 % en 2022 et 2023, respectivement, La hausse des prix continuant de peser sur le niveau de vie dans le monde entier, la maîtrise de l’inflation devrait être la première priorité des décideurs. Une politique monétaire plus stricte aura inévitablement des coûts économiques réels, mais tout retard ne fera que les exacerber. Un soutien budgétaire ciblé peut aider à amortir l’impact sur les plus vulnérables, mais avec les budgets publics tendus par la pandémie et la nécessité d’une politique macroéconomique globale désinflationniste, ces politiques devront être compensées par une augmentation des impôts ou une baisse des dépenses publiques. Le resserrement des conditions monétaires affectera également la stabilité financière, nécessitant une utilisation judicieuse des outils macro-prudentiels et rendant d’autant plus nécessaires les réformes des cadres de résolution de la dette. Les politiques visant à faire face aux impacts spécifiques sur les prix de l’énergie et des denrées alimentaires devraient se concentrer sur ceux qui sont les plus touchés sans fausser les prix. Et à mesure que la pandémie se poursuit, les taux de vaccination doivent augmenter pour se prémunir contre de futures variantes. Enfin, l’atténuation du changement climatique continue de nécessiter une action multilatérale urgente pour limiter les émissions et augmenter les investissements afin d’accélérer la transition verte.
Abdelkrim Salhi
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