Nationalisation des mines : Une célébration sur fond d’un ambitieux programme de relance du secteur

L’Algérie célèbrera samedi la date historique du 6 mai 1966, marquant la nationalisation des mines, sur fond d’un ambitieux programme de relance du secteur à travers le lancement de grands projets structurants dans l’objectif de contribuer de manière substantielle à la diversification de l’économie nationale.

La nationalisation, annoncée par l’ancien chef de l’Etat, le défunt Houari Boumediene, concernait onze principales sociétés minières, totalement récupérées et placées sous la tutelle du Bureau algérien de recherches et d’exploitations minières (BAREM), qui venait d’être créé. Il s’agissait notamment de la nationalisation des sociétés qui exploitaient, entres autres, les mines de fer et de cuivre d’Ouenza-Bou-Khadra (Tébessa), d’exploitation de fer d’El Halia (Meliana), de zinc et de plomb à Sidi Kamber (Constantine), de plomb et de zinc de l’Ouarsenis, de zinc à Ain Arko (Guelma), de celle d’Aïn-Barbar (Annaba) et des sociétés des mines et carrières de Rivet El Maden à Meftah (Blida), ainsi que les mines de Hammam n’Bails de l’Ouarsenis. Cette nationalisation avait été suivie par la création de la Société nationale de recherches et d’exploitations minières (SONAREM), en mai 1967, permettant au pays de lancer une multitude de projets, à l’instar du gisement mercuriel de Bou Ismaïl, des carrières de calcaires, de mines de plomb et zinc, ainsi que le développement de la production des mines de fer de Ouenza et de Boukhadra, et de celles du phosphate du complexe minier de Djebel Onk. Le recouvrement de la souveraineté nationale sur ces richesses du sous-sol et des sociétés en exploitation constituait, ainsi, une étape décisive dans le processus du développement socio-économique du pays, engagé dans une vision dynamique. Toutefois, le secteur avait connu durant les années 80 et 90 une période difficile marquée par une phase de restructuration de la SONAREM, ayant conduit à l’arrêt de développement de plusieurs opérations minières.  Durant ces décennies, le secteur était resté sous exploité en dépit de l’énorme potentiel minier inexploité.

Un plan d’action tracé pour redynamiser le secteur 

Cette situation de sous-exploitation des ressources minières a conduit les hautes autorités du pays, sous les orientations du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à placer le secteur des mines parmi les domaines prioritaires et au cœur de la stratégie de diversification de l’économie nationale. A cet effet, un plan d’action sur la période 2020-2024 a été mis en place visant à redynamiser le secteur et lui permettre une meilleure contribution à la croissance de l’économie nationale. Ce programme concerne la recherche des métaux de base, du cuivre, du fer, de la baryte, du soufre natif, du charbon, des sels potassiques, de l’or et métaux associés, ainsi que les terres rares. Parmi les priorités fixées, il est question de la révision du cadre législatif, du développement et de la modernisation de la cartographie minière, la concrétisation des grands projets industriels structurants, ainsi que le développement du capital humain. Outre la finalisation de la révision de la loi cadre du secteur, les autorités ont pris une série de mesures en vue de faciliter l’investissement dans ce domaine en simplifiant les procédures relatives aux autorisations d’exploration et d’exploitation des ressources minières, ainsi que l’octroi d’incitations financières et fiscales attractives au profit des investisseurs tant algériens qu’étrangers. Un plan visant à renforcer la formation, la spécialisation, le perfectionnement et le recyclage de la ressource humaine est déjà entrepris. Le Gouvernement a également procédé au lancement de grands projets structurants à l’instar du projet d’exploitation de la mine de fer de Gara Djebilet (Tindouf), du projet d’exploitation du plomb et du zinc de Oued Amizour (Béjaïa), ainsi que le projet du phosphate de Bled El-Hadba (Tébessa). La mine de Gara Djebilet est mise en exploitation depuis juillet 2022 et devra répondre aux besoins de la sidérurgie nationale et de substituer aux importations en matières premières, estimées à 2 milliards de dollars, et devra exporter des quantités importantes, en sus de quelque 3.000 emplois créés. Le Projet du phosphate intégré (PPI), quant à lui, doit permettre à l’Algérie d’être l’un des principaux pays exportateurs d’engrais et de fertilisants, avec une production annuelle prévisionnelle de plus de 6 millions de tonnes de produits phosphatés. Quant au projet d’exploitation de gisements de zinc et de plomb à Oued Amizour, il revêt un caractère stratégique pour le pays, de par son potentiel minier exploitable estimé à 34 millions de tonnes pour une production annuelle de 170.000 tonnes de concentré de zinc.

L’ORGM consolide ses actions pour la redynamisation du secteur

L’Office de recherche géologique et minière (ORGM), qui capitalise un savoir-faire de plus de 60 ans dans son domaine d’activité, consolide ses actions, dans le cadre de son programme de développement quinquennal, lancé en 2020, pour redynamiser le secteur des Mines, l’un des secteurs prioritaires pour la relance de l’économie nationale, a indiqué son P-DG Yahia Azri. Face à la détermination de l’Etat à redynamiser le secteur minier, l’ORGM est amené à jouer « un rôle décisif » dans la relance de l’économie nationale par la mise à disposition de l’industrie minière de nouveaux gîtes et gisements de diverses substances minérales, à travers les différents programmes d’études et de recherche minière, a relevé M. Azri dans un entretien accordé à l’APS, à la veille de la célébration de la nationalisation du domaine minier national, le 6 mai 1966. Pour ce faire, a-t-il précisé, « un programme de développement avait été initié et s’articule essentiellement sur le renforcement du vivier de l’entreprise par des recrutements d’ingénieurs pour assurer la relève et l’intensification des formations de spécialisation que ça soit en Algérie ou à l’étranger si nécessaire ». L’ORGM, qui assure la prise en charge du programme de recherche minière de l’Etat et arrive à satisfaire les demandes des entreprises du Groupe Manadjim El Djazair, dont il dépend exclusivement depuis 2011, et les différents opérateurs miniers, emploie actuellement 550 agents, dont 120 ingénieurs dans le cœur du métier, a-t-il fait savoir. Ce programme de développement consiste également en l’acquisition de moyens de réalisation de plus en plus performants et modernes à l’effet d’augmenter les capacités de réalisations de l’entreprise et l’amélioration de la qualité de ses prestations et de répondre ainsi aux besoins de l’Etat, des entreprises algériennes et même d’exporter son expertise vers l’étranger, a-t-il ajouté. « Nous envisageons aussi l’introduction de nouvelles technologies dans la recherche minière, notamment la géophysique aéroportée », a-t-il dit. L’accompagnement des opérateurs miniers par des programmes de reconstitution de réserves des mines en exploitation, « est un autre paramètre non négligeable afin de garantir la pérennité de l’activité de ces mines », dira le patron de l’office, qui existait depuis l’indépendance du pays sous différentes appellations: Bureau algérien de recherche et d’exploitation minière (BAREM), puis Société nationale de recherche et d’exploitation minière (SONAREM) dans le sillage de la nationalisation des mines, le 6 mai 1966, qui s’est transformée dans le cadre de sa restructuration en 1983 en l’Entreprise de recherche minière (EREM). Toujours dans le même objectif de redynamisation du secteur, M. Azri a mis en relief la nécessité d’avoir un « code minier attractif », qui permettrait d’attirer les opérateurs miniers nationaux et étrangers pour investir d’avantage dans l’exploitation minière et dans les programmes de recherche minière, tout en insistant sur l’implication des universités dans les projets de recherche minière, qui sera d' »un apport capital ».

A.A

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