Rapport annuel de Banque d’Algérie : L’économie algérienne a enregistré de bons résultats en 2022

Après avoir fait preuve d’une grande résilience face aux vagues du COVID-19 et à leurs conséquences, l’économie algérienne a enregistré pour l’année 2022 de bons résultats. C’est ce que relève la Banque d’Algérie, dans son rapport annuel pour 2022.

Par Abdelkrim Salhi

La situation macroéconomique globale de l’Algérie demeure solide, affichant une amélioration globale de tous les indicateurs macro-financiers. Les perturbations géopolitiques mondiales, notamment la crise énergétique européenne, se sont traduites par une hausse des prix des hydrocarbures (pétrole et surtout gaz). L’Algérie a pu ainsi consolider sa balance commerciale, y compris les exportations hors hydrocarbures, et augmenter ses réserves de change en contexte de très faible endettement extérieur. Néanmoins, la persistance des tensions inflationnistes, notamment d’origine importée, reste un défi majeur à court et moyen termes. En 2022, le rythme annuel moyen de progression de l’indice des prix à la consommation a poursuivi sa forte accélération pour enregistrer des taux d’inflation les plus élevés de la décennie. Le rythme de hausse de l’indice national a atteint 9,70 % contre 7,23 % en 2021, et celui du Grand Alger a enregistré une inflation de 9,27 %. Dans ce contexte, la politique monétaire mise en œuvre par la Banque d’Algérie durant l’année 2022 s’est traduite par des actions de normalisation graduelle, notamment via la levée des mesures exceptionnelles d’allégement prudentielles adoptées en mars 2020. Toutefois, la Banque d’Algérie a poursuivi son action de soutien au financement de l’économie en maintenant le taux de réserves obligatoires à 2 %, et le taux d’intérêt directeur applicable aux opérations principales de refinancement à 3 % en 2022, en contexte d’augmentation de la liquidité bancaire suite au Programme Spécial de Refinancement (PSR) d’un montant de 2 100 milliards de dinars initié en juillet 2021 et clôturé en juin 2022. Selon le rapport, le montant du PSR remboursé par anticipation en 2022 s’élève à 463,39 milliards de dinars, soit 22 % du programme. La normalisation de la politique monétaire s’est également traduite en octobre 2022 par la mise en place d’une opération de reprise de liquidité bilatérale ciblée de 300 milliards de dinars, afin d’absorber la source d’excès de liquidité potentiellement inflationniste. Cette mesure, indique la Banque d’Algérie, vient en complément de l’ajustement du taux de change du dinar algérien, entre fin juillet et fin septembre 2022, qui s’est apprécié de 4,1 % contre le dollar américain et de 7 % contre l’euro. « Ceci a permis de réduire, sur le court terme, une partie de l’inflation importée dont la contribution à l’inflation globale a été de plus de 70 % en 2021 et de 61,7 % en 2022 », souligne le rapport. Ce dernier constate qu’après avoir enregistré une très forte hausse de l’ordre de 110,64 % en 2021, le niveau de la liquidité bancaire a également augmenté en 2022 mais de manière moins importante, où il a atteint 1 966,41 milliards de dinars contre 1 331,95 milliards de dinars en 2021, soit une hausse de 47,63 %. Le Banque d’Algérie indique que la circulation fiduciaire hors banque a connu une hausse, légèrement plus importante que celle enregistrée l’année précédente, avec un taux de croissance de 10,14 % en 2022 contre un taux de 9,35 % en 2021. Sa part dans la masse monétaire globale reste très importante en 2022, avec un taux de 32 % contre un taux de 33 % en 2021. En termes d’intermédiation et d’infrastructure bancaire, le rapport de la Banque d’Algérie relève que le total des dépôts à vue et à terme collectés par les banques a connu une progression de 18,2 % en 2022 contre 17,8 % en 2021. Le total des crédits à l’économie a augmenté de 3,3 % en 2022, pour atteindre 10 112,3 milliards de dinars, contre une baisse de 12,4 % en 2021. « En termes de solidité financière, la quasi-majorité des indicateurs demeure confortable en conséquence des politiques publiques déployées pour soutenir la relance économique post-pandémique », souligne le rapport. Ces politiques ont permis aux banques de faire preuve d’une grande résilience et d’une solvabilité significativement renforcée. Néanmoins, fait remarquer la Banque d’Algérie la problématique des créances non-performantes issues des anciens dispositifs d’aide à l’emploi (ANSEJ, ANGEM et CNAC) et des crédits d’investissement privés qui ont émergé après 2019 reste posée. Le rythme de croissance des créances non performantes détenues par les banques continue, pour la troisième année consécutive, son ralentissement enregistrant ainsi une augmentation de 4,7 % en 2022 contre 7,9 % en 2021 et 16,4 % en 2020.  « Le ralentissement de l’évolution de ces créances en 2021 par rapport à 2019 et 2020 peut être analysée corrélativement aux mesures d’allègement prise par l’autorité monétaire notamment la possibilité donnée aux banques et établissements financiers, à leur discrétion, de reporter le paiement des tranches de crédit arrivant à échéance, au cas par cas, ou procéder au rééchelonnement des créances de leur clientèle sans pour autant affecté leur classement », note la Banque d’Algérie. Ainsi, le taux de créances classées par rapport au total créances hors crédits consortiaux s’est stabilisé à 19,86 % en 2022 contre 19,64 % à fin 2021. Le taux de créances classées par rapport au total créances y compris les crédits consortiaux est de 16,63 %, soit un niveau stable par rapport à l’année précédente (16,62 % en 2021). Représentant 31,03 % du total créances classées à fin 2022 (32,3 % à fin 2021), les créances classées des dispositifs d’aide à l’emploi28 ont contribué à hauteur de 12,8 % à l’évolution du total créances non-performantes contre une contribution de 28,6 % à la fin de l’année précédente. Hors créances des dispositifs d’aide à l’emploi, le taux de créances classées par rapport au total créances est ramené à 15,15 % en 2022 (14,4 % en 2021), un niveau inférieur de 5 points de pourcentage par rapport au taux de créances classées globales.  Par ailleurs, la question du financement de l’économie nationale demeure également une préoccupation majeure, en contexte d’une faible croissance du crédit à l’investissement et d’un environnement international, caractérisé par de fortes incertitudes malgré les conditions financières internes très favorables.

A.S.

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