Wiesmann MF5 : l’exception allemande

Wiesmann fait partie de ces petites marques d’exception strictement inconnues du grand public mais pourtant capables de rivaliser en performances pures avec beaucoup de noms très célèbres. Si vous être incollable en automobile, le nom de cette marque créée en 1985 par les frères Wiesmann vous dit forcément quelque chose.

N’arrivant pas à trouver dans le marché l’automobile de leurs rêves, Martin et Friedhelm Wiesmann décidaient alors de la construire dans leur propre garage.  Après un tout premier prototype, les deux frères décidaient d’aller plus loin en bâtissant petit à petit une gamme complète de modèles tous dans même esprit : combiner des lignes très rétro à un châssis capable de vraies performances et une finition artisanale extrêmement soignée. Aujourd’hui, Wiesmann reste techniquement un tout petit constructeur allemand mais la marque dispose d’une usine au style étonnant, tout à fait conforme à l’univers Wiesmann. Les frères Wiesmann avaient choisi le gecko comme logo de la marque, clin d’œil à la tenue de route de leurs autos.  L’usine est recouverte d’une grande structure en bois décorative reprenant la forme de ce gecko, de telle façon à ce qu’on puisse distinguer ses formes en survolant le bâtiment par hélicoptère ou par avion !  A l’intérieur, la rigueur des installations est remarquable et les 110 employés (sans compter les stagiaires) travaillent dans une atmosphère appliquée, au milieu des dizaines et des dizaines de châssis en attente de finition. Les MF4 et MF5 occupent le plus d’espace, la « petite » MF3 en termine avec sa production et sera prochainement remplacée par un tout nouveau modèle, prévu pour être présenté au salon de Genève 2014. Certaines salles du bâtiment sentent bon le cuir, il en faut d’ailleurs beaucoup pour garnir chacune des autos qui sortent de l’usine.

 

La cobra allemande

Mais au fait, c’est quoi, une Wiesmann ? Difficile de trouver actuellement une autre voiture de sport qui lui ressemble. Il faut plutôt chercher dans le glorieux passé automobile pour trouver son inspiration en matière de design.  Certains penseront à la mythique Cobra avec cette dégaine de roadster au long capot et ces traits rondouillards, d’autres penseront à la Jaguar XK des années 50 à cause de cette petite calandre et de la forme de la poupe. A moins qu’on n’y voit des faux airs de Morgan.  Bref, une Wiesmann fait largement dans le rétro et évoque les petits roadsters à l’Anglaise des années 60/70. mais sous la carrosserie en fibre de verre, tout est bien nouveau. Les modèles MF4 et MF5 sont déclinés en cabriolet et en coupé et peuvent compter sur un châssis de type monocoque en aluminium. Les groupes motopropulseurs sont directement repris de la banque d’organe BMW ce qui n’est pas certainement pas une mauvaise chose. Coté pneus, les gommes à la largeur impressionnante (des Michelin Pilot Super Sport), particulièrement sur la MF5, annoncent la couleur : ces autos à la dégaine teintée de nostalgie sont avant tout bâties pour s’amuser sur route ou sur circuit en roulant fort, très fort même. La MF4 adopte au choix un V8 4,4 litres bi-turbo de 407 chevaux ou en version « S », le V8 atmosphérique de 4,0 litres et 420 chevaux de la BMW M3. Quant à la MF5, elle vient d’abandonner le V10 de l’ancienne M5 au profit du V8 4,4 litres biturbo BMW M en version 555 chevaux.  Cette dernière est la plus puissante et la plus performante de la gamme, elle est aussi la plus musculeuse avec ses ailes élargies et ses entrées d’air derrière les roues. Après un petit galop d’essai sur le Paul Ricard HTTT où la version GT (coupé) nous avait déjà impressionné par sa faculté à se battre avec des autos aussi efficaces que des Ferrari 430 Scuderia ou des lamborghini Gallardo, nous avons pu brièvement essayer la version Roadster à coté de l’usine de Dülmen. Pas assez longtemps pour se faire un avis définitif mais suffisamment pour apprécier l’ambiance spéciale au volant de cette auto si particulière.  Des sièges aux portières en passant par le tableau de bord, tout y est tapissé de très jolis cuirs. Sur notre modèle, une touche d’Alcantara était aussi présente, à noter que tout peut être personnalisé à l’envie avec d’innombrables combinaisons possibles entre cuirs, alcantara, teintes de carrosserie et autres jantes. L’ambiance serait complètement rétro s’il n’y avait pas ces petites palettes derrière le volant (boite automatique ZF 6 rapports disposant d’un mode manuel).  Les accélérations paraissent plus impressionnantes que dans une Mercedes SLS AMG Roadster, la sonorité est tout aussi intense avec un bon gros bruit de V8 musclé. La direction est très directe, le comportement semble plus sportif que dans la SLS et les suspensions, aussi fermes que dans une Lamborghini Gallardo Spyder.  Seule la rapidité de la boite de vitesses nous a paru un peu en retrait par rapports aux meilleures du genre, ce point sera sans doute amélioré si Wiesmann installe la transmission de la dernière BMW M5 dans un futur proche, comme cela semble être au programme. Attention cependant pour les paresseux : la capote de la MF5 Roadster nécessite vos bras pour l’enlever et la remettre.

Le prix de l’artisanat

Le Roadster MF5 coûte 162 605 euros en premier prix. Une somme certes coquette qu’il faut relativiser compte tenu de son mode de fabrication et de ses performances. Une Audi R8 V10 Spyder est encore plus chère mais pas forcément plus efficace, les Ferrari 458 Spider et autres McLaren MP4-12C Spyder coûtent 50 000 euros de plus.  Pour quelqu’un qui a la chance de pouvoir vivre tous ses rêves d’automobile, la Wiesmann mérite clairement une place dans son garage à coté d’autres voitures de sport plus connues. Ses performances, son look unique et sa finition spéciale suffisent pour le coup de foudre. Les temps sont durs pour les touts petits constructeurs allemands, Artega, Melkus et Gumpert viennent de mettre la clé sous la porte.  Le nouveau patron de Wiesmann, Rolf Haferkamp, ne cache pas que la situation reste délicate pour Wiesmann dans ce contexte de crise qui touche aussi la clientèle des voitures d’exception. Le salut de la marque viendra sans doute par le caractère de ses modèles et de nouveaux marchés investis dans le monde (Chine, Moyen-Orient, Russie). Ces sportives au long capot orné du petit gecko méritent de poursuivre leur route encore longtemps…

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