L’UE renforce la pression sur l’Iran face à l’impasse sur le nucléaire

Les sanctions de l’Union européenne poussant Téhéran à revoir son programme nucléaire s’alourdissent.
 

 

 

L’Union européenne a nettement renforcé l’arsenal de ses sanctions financières et commerciales contre l’Iran, cherchant à pousser Téhéran à reprendre les négociations sur son programme nucléaire controversé, au point mort depuis trois ans. Réunis à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères ont entériné une nouvelle série de mesures qui viennent s’ajouter à un arsenal déjà très complet, notamment depuis l’embargo pétrolier entré en vigueur en juillet dernier. Le nouveau paquet s’attaque en particulier aux transactions financières et au commerce avec une interdiction de principe de toute transaction entre les banques européennes et iraniennes, et des sanctions renforcées contrela Banquecentrale iranienne. Des exemptions sont accordées au cas par cas pour les envois de fonds effectués par des particuliers, ou pour des paiements humanitaires ou liés à des achats d’alimentation et d’équipement médical.

 

Des sociétés sur liste noire

Un ministre iranien et 34 sociétés, actives notamment dans le secteur du pétrole et du gaz, ont par ailleurs été ajoutés aux listes noires de l’UE des gels d’avoirs et interdictions de visa, selon un diplomate. Les chantiers navals européens ne pourront par ailleurs plus livrer de pétroliers à l’Iran, et l’exportation de matières pouvant servir aux programmes nucléaire et balistique iraniens, tels que le graphite ou l’aluminium, sera prohibée. Plus symboliquement, les Vingt-Sept ont également décidé d’interdire les importations de gaz iranien, alors qu’aucun contrat de fourniture ne les lie officiellement à l’Iran. L’UE n’entend pas en rester là dans les prochains mois. « L’Iran agit en flagrante violation de ses obligations internationales et continue de refuser de coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique » (AIEA), ont expliqué les ministres européens des Affaires étrangères. « Le régime iranien lui-même peut agir de manière responsable et mettre un terme à ces sanctions » en se rendant à la table des négociations, ont-ils expliqué, soulignant leur détermination, en cas contraire, « à augmenter la pression en coordination étroite avec les partenaires internationaux ».De fait, les Vingt-Sept sont également d’accord sur le principe de sanctionner des entreprises de télécoms liées aux pasdaran, la garde révolutionnaire iranienne, et au secteur du nucléaire, mais ces désignations auront lieu ultérieurement, a précisé un diplomate européen. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui est l’émissaire des grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien, a précisé qu’elle continuait « à faire tous les efforts pour explorer » une solution négociée avec l’Iran.

 

Négociations et sanctions

« Mais malgré tous ces efforts de négociations, l’Iran continue à jouer la montre », a déploré le ministre allemand Guido Westerwelle. Toutefois, « les sanctions commencent à avoir de l’effet, et l’effet des sanctions montre qu’une solution politique est possible ». Après avoir longtemps nié l’effet des sanctions, les dirigeants iraniens commencent à admettre l’ampleur des dégâts, dénonçant depuis l’été une « guerre économique » contre l’Iran. Téhéran continue cependant de réaffirmer qu’il n’abandonnera jamais son programme nucléaire, soupçonné malgré ses démentis de dissimuler un volet militaire. Les puissances du groupe des 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU : États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) demandent à l’Iran de suspendre l’enrichissement d’uranium à 20 %, jugé dangereusement proche de l’uranium enrichi à 90 % utilisable pour l’arme atomique, d’envoyer son stock à l’étranger et de fermer un site souterrain d’enrichissement.

Le Point

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