Les cours du pétrole montaient, hier, le resserrement de l’offre mondiale de pétrole contribuant à compenser les inquiétudes sur la demande, même si les investisseurs restant prudents avant la publication des chiffres sur l’inflation aux Etats-Unis. Vers 09H35 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, prenait 0,84% à 91,40 dollars.
Par Abdelkrim Salhi
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en octobre, gagnait 0,96% à 88,13 dollars. l’IFP Energies Nouvelles (Ifpen), dans son dernier tableau de bord sur les marchés pétroliers, publié, lundi, a relevé que la semaine dernière, les prix du pétrole brut ont enregistré une nouvelle hausse significative pour la deuxième semaine consécutive, dans un contexte de resserrement de l’offre, de baisse des stocks et de rebond du dollar. En moyenne hebdomadaire, indique l’institut français de recherche, le Brent a gagné 3,8 dollars le baril ($/b) pour atteindre 90,0 $/b, revenant pratiquement aux niveaux élevés de l’année dernière en pleine crise énergétique mondiale, et le WTI a gagné 4,7 $/b pour atteindre 87,2 $/b. « Le pétrole reste orienté à la hausse en raison des réductions de l’offre des leaders de l’OPEP+, l’Arabie saoudite et la Russie », explique l’Ifpen. Les décisions de l’OPEP+ étant désormais connues et mises en œuvre, le resserrement de l’offre restera le facteur prédominant au cours des prochains mois. « Il reste à voir quel sera l’impact de cette hausse des prix sur la demande et la réaction des banques centrales en matière de taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation », indique l’institut français de recherche. Sur les marchés à terme, les gestionnaires de fonds ont augmenté leurs paris haussiers sur le Brent et le WTI de 100 943 positions longues nettes combinées à 451 757 (+29 %), selon les données hebdomadaires d’ICE Futures Europe et de la CFTC, plus haut niveau depuis environ six mois. Les prix du pétrole ont également été portés par la nouvelle baisse de l’euro face au dollar, l’EURUSD ayant perdu 1,12 % la semaine dernière et plus de 2,4 % en un mois. Malgré l’emballement actuel sur les marchés pétroliers, le consensus des économistes interrogés par Bloomberg (au 8 septembre) reste stable, avec une moyenne de 81,3 $/b en 2023 (+ 0,25 $/b) et 83 $/b en 2024. La réduction de la production d’un million de barils par jour initialement annoncée par les Saoudiens pour le seul mois de juillet sera désormais en vigueur jusqu’à la fin de l’année. En parallèle, la Russie réduira ses exportations de pétrole de 300 kb/j. Au-delà de l’ampleur du déficit d’offre, qui pourrait atteindre 2,7 Mb/j selon Rystad au 4e trimestre, cet accord entre deux producteurs majeurs de pétrole, alors que l’AIE annonce une consommation record de 103 mb/j pour cette année, plaide pour un maintien des prix du pétrole à un niveau élevé pendant longtemps. Bien que la réduction supplémentaire de la Russie soit inférieure à un tiers de celle de Riyad et qu’elle s’applique aux exportations plutôt qu’à la production, son impact sera significatif, car elle visera principalement le gasoil, un carburant important pour l’industrie. D’après les dernières informations publiées, la Russie a l’intention de réduire ses exportations de gasoil de ses principaux ports occidentaux de 25% ce mois-ci. Cette décision découle de la maintenance saisonnière de ses raffineries et des efforts entrepris par le gouvernement pour atténuer les pénuries de carburant dans le pays. Ainsi, les expéditions de gasoil en provenance des ports russes de la mer Noire et de la mer Baltique, y compris certaines en provenance du Belarus, ne devraient pas dépasser 466 kb/j, contre 600 kb/j le mois précédent. Les stocks commerciaux de brut ont baissé de 6,3 millions de barils pour la semaine du 1er septembre (vs -2,0 millions de barils consensus/-3,4 millions de barils moyenne sur 5 ans), ramenant les stocks à leur plus bas niveau depuis décembre 22 et en dessous des niveaux de l’année précédente (-3%) pour la première fois depuis le début de l’année. La baisse a été soutenue par des exportations nettes de brut en hausse de +250 kb/j et par l’augmentation du traitement en raffinerie avec un taux d’utilisation à 93 %. La production nationale de brut est restée stable à son niveau le plus élevé depuis le début de l’année, soit 12,8 Mb/j. Les cours du pétrole ont fini en légère baisse lundi, effectuant une consolidation après un mouvement qui les a portés au plus haut depuis près de dix mois, sur un marché qui cherche des raisons de continuer à grimper. La banque américaine d’investissement Goldman Sachs a prévu, jeudi dernier, une augmentation du prix du baril de pétrole jusqu’à 107 dollars, en moyenne, pour le Brent d’ici la fin de l’année 2024, sous l’effet des réductions des productions saoudiennes et russes.
A.S.
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